Moontrap est un film de SF que j’ai regardé avant tout pour retrouver Bruce Campbell, mais au final, l’ensemble n’est pas désagréable en dépit d’un très évident manque de budget pour les ambitions du film.
L’interprétation curieusement n’est pas le meilleur point en fait. Bruce Campbell est ici assez fade, dans un type de prestation qui ne lui convient pas, lui qui maitrise beaucoup mieux les personnages excentriques. Il manque de charisme, et semble trop en retrait, effacé. A ses cotés Walter Koenig arrive même à lui voler la vedette, sans être non plus transcendant. Pour le reste, il n’y a pas de quoi s’étendre longtemps, puisque Leigh Lombardi qui complète le casting principal n’est pas non plus très marquante. En fait le casting donne le sentiment de passer dans le film sans accrocher le spectateur, et c’est un peu regrettable tout de même.
L’histoire de son coté est plutôt originale, et conduite avec une certaine efficacité. Bon, alors certes l’ensemble est bourré d’invraisemblances, et s’encombre d’éléments fort inutiles (en fait il n’y aurait eu que les robots cela aurait été aussi bien), toutefois Moontrap propose des rebondissements, de l’action, un rythme global agréable, et ne se prend vraiment pas la tête. Sa durée est courte 1 heure 20 environ, et de ce fait l’ensemble passe vite et sans difficulté particulière, à condition de savoir à quoi s’attendre : c'est-à-dire un métrage distrayant mais qui n’a pas inventé l’eau tiède.
Visuellement c’est là que Moontrap frappe fort à mon sens. Évidemment par rapport au budget et par rapport à son âge, car il y a des éléments qui font franchement archaïque maintenant. La mise en scène de Robert Dyke est plutôt à la hauteur. Il essaye visiblement de tirer un maximum de profit de ses décors, et ca marche. Il y a des quelques scènes assez majestueuses qui font très bonne impression. Par ailleurs Dyke donne du volume aux attaques des robots, malgré les difficultés que j’imagine, car on ne peut pas dire que ce soit des modèles de mobilité ! En clair il assure une mise en scène professionnelle, et se débrouille bien avec ses moyens dérisoires. Les décors, surtout lunaires, sont clairement en papier mâché, et les vaisseaux spatiaux sont moyennement convaincants. Quelques passages sont mêmes franchement ringards. Toutefois il y a eu un réel effort de fait, et on sent que le maximum a été tiré pour faire un film de SF un minimum crédible. Cela ne fonctionne pas mal du tout, et au bout du compte le film bénéficie d’une ambiance réellement prenante et agréable, porté il est vrai par une photographie audacieuse. Essentiellement composé de bleu et de noir, c’était un gros risque pour Moontrap, mais au bout du compte le résultat est solide. Non seulement ca cache un peu les défauts, mais en plus cela crée une ambiance assez poétique et atemporelle, qui est assez engageante. Je regrette d’ailleurs que sur ces images il n’y ait pas eu une musique planante, un travail à la Vangelis sur Blade Runner par exemple, qui transcende l’aspect visuel. La musique étant ici franchement très moyenne. Quant aux effets spéciaux, outre le problème des vaisseaux précédemment indiqué, je note des robots patauds, certes, mais plutôt bien fait, et surtout doté de design originaux. L’idée des robots qui créent des agrégats d’objets pour se constituer était une très bonne chose.
Pour conclure sur Moontrap c’est un film facile à apprécier mais à une condition : ne pas regarder le manque de budget et les défauts visuels aujourd’hui explicites qui le parsème. Pour le reste l’ensemble est un très honnête divertissement, qui sans apporter une pierre mémorable au genre, essaye d’innover avec une histoire certes rocambolesque mais pas mauvaise. En revanche, s’il y a eu un réel effort de mise en scène, sur la photographie et les décors pour faire illusion, l’interprétation apparait comme un élément secondaire, ce qui, avec un duo Campbell-Koenig, est quand même décevant. Allez, 3.5 pour ce film plaisant.