Avec ses promesses de remettre au goût du jour un traitement de l'horreur tellement 80's, le film à sketches Trick'r Treat a suscité l'intérêt de foules endormies : il a d'ailleurs déjà réjouit l'ensemble des amateurs du genre. Pourtant, il y a de quoi s'interroger sur la réputation assez élogieuse [carrément élogieuse même, côté spécialistes] de ce direct-to-video, paraît-il, déjà culte. Beau pari certes, mais qui a le tort de ne pas, ou si peu, surprendre son auditoire : il ne fait que saupoudrer les poncifs du slasher par des artifices traditionnels, synthétisant sans ménagement l'esprit macabre et l'humour douteux de masterpieces grandiloquentes tel la série Les Contes de la Crypte ou le Creepshow de Romero.
Le ''délire'' s'articule autour de la fête d'Halloween et le film ne manque pas de citer le chef-d'oeuvre de Carpenter dans une intro assez pauvre, entrée en matière plutôt vaine et opportuniste. Dans la première demi-heure, Trick'r Treat répètera des petits motifs générationnels : il faut caser la vieille fille effarouchée, gare à l'autiste de service... Le tout flirte alors avec la comédie ''démonstrative'' et revêt des allures tout à fait lambda, mode scabreux pour tout bonus. Puis la mécanique s'enclenche réellement lorsque surgit l'évocation d'une légende urbaine. Trick'r Treat s'engage alors vers des sentiers plus aventureux, d'ou émanent quelques jolies séquences : une descente chez les maudits, une virée chez un vieil acariâtre (personnage au potentiel sympathie énorme, exploité à merveille) et surtout pour climax cette scène de cauchemar au coin du feu sur Sweet Dreams du Reverend.
Mais derrière ses guillerettes allures foraines, Trick'r Treat est rachitique, sinon avare. Le scénario décousu, avec ses va-et-vient entre intrigues, explose le temps narratif sans extraire quoi que ce soit de cette opération : il recoupera toutes les histoires (quatre) à la fin pour leurrer un caractère insolite quand, dans le fond, tout cela est prévisible et assez conforme aux manies de la concurrence. Cette volonté d'égarer en tissant une toile faussement confuse [qui, on doit le présumer, incite à s'imaginer des zones d'ombre en suspens] n'est pas une grande surprise lorsqu'on sait que le réalisateur Michael Dougherty est le poulain de Bryan Singer, as de la contrefaçon dont il a été scénariste pour X-Men 2 et Superman returns. La technique et le recyclage offraient mille et une voies, mais l'exercice de style, bien que traversé de quelques fulgurances, agace surtout. Naviguant toujours très près de l'escroquerie, Trick'r Treat ne vaut pas tellement mieux que le récent Amusement, en dépit d'une imagerie [mystérieux nabot à tête de citrouille, chaperon rouge revanchard...], d'une mise en scène et même d'une photographie plus élaborées.