Quoique l’on en pense, il faut saluer le courage de « Cento giorni a Palermo ». Le film est sorti en 1984, moins de deux ans après l’assassinat du général Carlo Alberto dalla Chiesa, alors tout juste nommé préfet de Palerme.
Et en plein dans ce que l’on appelle aujourd’hui la deuxième guerre de la mafia. Des affrontements criminels très violents en Sicile, qui firent des centaines de mort par an au début des années 80. Les mafieux assassinant leurs rivaux, mais aussi toutes les figures étatiques qui tentaient de les combattre : juges, policiers, préfets, députés… En effet, à l’époque beaucoup doutaient (ou ne voulaient pas croire ?) que la mafia était une organisation nationale, qui avait déjà gangréné tout le système. Ceux qui en parlaient ouvertement étaient réduits au silence.
Voilà donc une œuvre qui avait le potentiel de constituer un film très fort sur le sujet. Sauf que non…
« Cento giorni a Palermo » est fade, dans ses visuels ou sa narration. L’image est très sobre, la mise en scène ne semble pas savoir où aller. Il y a bien des meurtres réguliers, mais étonnement les impacts de balles sont très souvent en hors champ. Tandis que les victimes sont rarement présentées par le film, empêchant tout attachement émotionnel.
Le film enchaîne des scénettes, des discussions avec politiciens, familles de victimes, mafieux… Clairement, il y a la volonté forte de pointer du doigt des choses qui dérangent. La mafia qui ravage le pays avec la drogue. Les ouvriers qui remercient la mafia de leur trouver du boulot… sans se rendre compte que la mafia est en partie responsable de la situation économique dégradée. Ou les politiciens qui refusent de voir le problème en face.
Mais tout ceci ressemble à un documentaire décousu. D’autant que l’on sait dès le départ comment cela se termine, l’assassinat du protagoniste faisant partie du pitch et du titre… Si bien qu’il n’y a pas grand-chose de palpitant.
Faut-il attribuer cela à un manque de recul ? Un état d’esprit très pessimiste, la guerre criminelle étant encore en cours en 1984 ? Ou juste un scénario pas assez travaillé ?
Reste Lino Ventura en préfet droit dans ses bottes. Qui tente de combattre un système sans avoir les armes dont il a besoin, et fait peser le poids de la tâche sur ses épaules. Pour l’anecdote, Lino Ventura ne sera très positif lorsqu’il décrira son expérience de tournage sur ce film…