Et si on vivait tous ensemble? : les secrets du tournage

"Et si on vivait tous ensemble ?" était au départ un titre provisoire, adopté par l'équipe en attendant d'en trouver un autre plus adéquat. D'autres noms comme "Les Vieux" et "Jusqu'à la Lune et partout sur la Terre" avaient été considérés. Cependant, comme le réalisateur Stéphane Robelin voyait dans cette question le caractère utopique des années 1970, qui correspondait très bien à l'esprit du film, le premier titre a fini par rester.

Stéphane Robelin avait réalisé en 2004 Realmovie, une expérience "modeste et excitante", selon son auteur, tournée en caméra DV. Cette production hors du système ne l'a pas aidé à trouver un financement pour son deuxième projet, qui n'a jamais abouti. Le cinéaste s'est donc dit "qu’il fallait traiter d’un sujet de société", tout en conservant une certaine légèreté et en cherchant à émouvoir.

Le tournage du film n'a pas été facile non plus. Après un faux départ en 2007, les investisseurs allemands ont rejoint le projet en 2008 et le personnage de Dirk a été germanisé (Daniel Brühl a alors été choisi pour l'interpréter). Tout de même, ce n'est que l'année suivante que les conditions nécessaires ont pu être réunies, étant donné que les thèmes du long métrage (la vieillesse, la perte de la mémoire, le deuil, etc.) suscitaient de nombreuses réticences.

Au départ soucieux de travailler avec un casting aussi expérimenté, Stéphane Robelin a tout de même décidé de répéter les scènes de danse avec Claude Rich. Quand Pierre Richard a été mis au courant de la répétition, il fut choqué : "Comment ? Tu répètes avec Claude Rich alors que c’est un immense acteur, et moi, moi qui vais jouer avec Jane Fonda, qui vais jouer le mari de Jane Fonda, tu ne me fais pas répéter !", s'est étonné le comédien. Une nouvelle répétition a alors été organisée, et le réalisateur n'arrivait pas à croire à la timidité de ces grands acteurs.

Et si on vivait tous ensemble ? porte l'intention de déconstruire les clichés liés au vieillissement, comme l'idée d'une sagesse nourrie avec l'âge ou la peur de la mort. Les acteurs étaient séduits par l'aspect réaliste du projet : Geraldine Chaplin précise que "Grâce à l’incroyable quantité de rides que j’ai, je joue pour ma part sur du velours : j’ai tourné cinq films l’année dernière. (...) Les vieux sont, si j’ose dire, des gens comme vous et moi", alors que Jane Fonda était ravie de retrouver un film qui ne verse pas dans la "glissade vers la décrépitude", et qui n'oublie pas "l'importance de rester sensuelle."

Alors que Pierre Richard, qui interprète un homme souffrant de perte de mémoire, raconte qu'il a dû se surveiller pour "marcher lentement" et ne pas laisser transparaître sa "vivacité spontanée", Geraldine Chaplin ne mesure pas ses mots pour parler du thème du film : "C'est terrible quand on vieillit. La carrosserie ne va plus, le moteur ne va plus, mais dedans il y a des choses qui durent, comme le désir..."

Guy Bedos avoue qu'il lit les scénarios qui lui sont présentés avec "un crayon gomme à la main", le comédien effectuant de nombreuses suggestions pour la composition de son personnage. Le réalisateur Stéphane Robelin précise que, en ce qui concernait le rapport à la vieillesse, Bedos cherchait à "éloigner les aspects pénibles du sujet, comme si c’était l’histoire d’une bande de copains, et que parmi bien d’autres éléments, voilà, il se trouvait qu’ils étaient vieux."

Quand le projet a été annoncé, en 2006, Jeanne Moreau et Jean Rochefort y étaient attachés, mais cinq ans plus tard, aucun des deux comédiens ne figuraient sur le casting de Et si on vivait tous ensemble ?

Le tournage du film s'est déroulé en région parisienne, pendant l'été 2010.