Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
🎬 RENGER 📼
7 329 abonnés
7 541 critiques
Suivre son activité
3,0
Publiée le 22 mai 2021
Il s’agit du premier volet de son triptyque sur les portraits communautaires, qui comporte aussi Belfast, Maine (1999) et le dernier en date In Jackson Heights (2016). Pour cette première incursion Frederick Wiseman s’intéressait ici à la ville d’Aspen dans le Colorado, aux États-Unis. La ville est réputée pour sa station de ski et surtout pour être le lieu de villégiature de la société blanche aisée anglo-saxone & chrétienne.
Pendant près de 2h30, le documentariste nous entraîne au cœur de cette communauté qui détonne. Un entre-soi communautariste de la classe aisée et croyante où Wiseman, comme à son habitude, y laisse planer sa caméra, sans jamais prendre la parole, il laisse les habitants d’Aspen le faire à sa place. Il y filme aussi bien les vacanciers huppés que les travailleurs et autres saisonniers.
Il en résulte un passionnant portrait d’observation de l’élite américaine entrecoupée par les résidents d’Aspen de la classe populaire. D’une demande en mariage du haut d’une montgolfière à l’intérieur de la dernière mine d’extraction encore en activité (donnant à même les pistes de ski). D’un cours de dessins à un diner BCBG avec des protagonistes ayant assistés (et non participés) au procès de Nuremberg à un groupe de parole spirituel et même catholique (ayant pour thème le divorce).
Wiseman s’invite chez la classe huppée et nous donne à voir comment ils occupent leurs temps-libre lorsqu’ils ne sont pas sur les pistes de ski. D’une galerie d’art (exposants des œuvres superflus telles qu’une cabine téléphonique ou un distributeur Pepsi) à une hilarante soirée de mimes (devant faire deviner quel personnage ils représentent), de la salle de sport en passant par le centre-ville d’Aspen et ses boutiques de luxe. On assiste même à une conférence sur les biens faits de la chirurgie esthétique.
Le film donne à voir quel sont les hobbies de la classe aisées, bien souvent orientés vers le catholicisme. Du club de lecture sur Flaubert à la conférence sur Dieu et l'économie (drôle de mélange), en passant par la médecine alternative. Balades en raquettes, ski de fond & ski alpin rythment leurs journées quand leurs soirées sont occupées par toutes sortes d’activités intellectuelles et de réflexions bien souvent en lien avec la religion.
Stetsons et santiags pour les hommes, manteau de fourrure pour les femmes, le cliché y est à son paroxysme. Wiseman nous dévoile ici des décors de cartes postales avec ces ultra-riches vivant dans leurs forteresses à flanc de montagne et loin de la ville face aux prolétaires qui font tourner la ville pour que la classe huppée continue d’y venir et d’y entretenir un entre-soi d’un autre âge.