Mikio Naruse, a une forte réputation au Japon et sous nos latitudes. Cependant, si les films de Kurosawa et Mizoguchi ont été très tôt diffusés en France, il fallut attendre le début des années 80 pour connaître pouvoir connaître une bonne partie de la filmographie d'Ozu. Concernant Naruse, à part quelques titres qui étaient sortis en salle en leur temps, sa filmographie est restée pour nous très difficilement accessible. C est le cas depuis deux ou trois ans, ou à l'occasion d 'éditions dvd, une dizaine de titres dont certains inédits sortent en salles. C est ainsi le cas avec " derniers chrysanthèmes " qui date de 1954. En résumé, il s'agit d'un regard porté sur trois geishas qui se connaissent pour avoir travaillé ensemble dans le passé. Le temps ayant fait son œuvre, deux d'entre elles sont devenues femme de ménage, tandis que la troisième, plus économe, est à l'aise financierement. Le film est un regard sur le moment de la vie ou l'adulte voit partir ses enfants, ou l'on a vieilli et si l'énergie ne nous a pas encore abandonné, on sait que les choix cruciaux sont derrière nous. De toute façon, comme Naruse le fait chanter à deux de ses personnages " quoi que vous fassiez, la mort est au bout du chemin ". On sait que la vision de l'existence exprimée dans ses films fait de Naruse, le plus Schopenhauerien des cinéastes de l'âge d'or du cinéma japonais ( années 50 et 60). On peut presque dire que son contradicteur cinematographique en terme de philosophie existentielle sera Ozu qui sera sans doute plus nuancé. C'est peut-être finalement la raison pour laquelle la fimographie de Naruse mis tant de temps à nous parvenir. L'être humain n'aime pas qu'on lui rappelle une vérité que généralement il craint. Le film est excellent et magnifiquement construit. Les amateurs de l'âge d'or du cinéma japonais ne le manqueront pas.