Vladimir Leon utilise sur ce film une technique de montage avec laquelle il a expérimenté pendant plus d'une dizaine d'année. Elle consiste à créer un certain décalage entre un commentaire sonore et l'image qu'il désigne ; en contrepartie, l'image comporte généralement une musique en rapport avec le contexte. Ainsi, les parties se déroulant au Mexique et en Russie sont accompagnées par la 1ère et la 2ème symphonies de Dimitri Chostakovitch , composée entre 1924 et 1927, quand Roy était à Moscou. Au final, l'effet recherché est de donner une représentation non linéaire de l'histoire, comme le font les manuels scolaires. Il devient ainsi plus facile de mettre en relation des évènements éloignés dans le temps.
Les indices de l'existence de Manabendra Nath Roy étant rares, Vladimir Leon a du recourir essentiellement au témoignage écrit et oral. Dans ce dernier cas, il s'est attaché à filmer les témoins dans leur environnement. Selon ses propres termes, il préfère "filmer le processus du témoignage, plus que le témoignage lui-même."
Le Brahmane du Komintern n'est pas le premier portrait de militant communiste que retrace Vladimir Leon : Nissim dit Max était une évocation de son père journaliste. Envisagés au même moment, les deux documentaires visent l'un comme l'autre à restituer l'histoire collective par le biais d'histoires individuelles.
C'est un historien de Calcutta rencontré dans une soirée à Paris, Hari Vasudevan, qui a inspiré cette aventure à Vladimir Leon. Il lui a fait décourvrir une photo de dirigeants soviétiques des années 1920 où, au milieu de Lénine, Gorki, Zinoviev, Boukharine il découvrit la silhouette d'un Indien les dépassant d'une tête : Manabendra Nath Roy. Le peu d'informations disponibles sur ce personnage n'a fait qu'alimenter la curiosité du documentariste. En effet, les bribes qu'il parvenait à dénicher lui conféraient un rôle politique de premier plan, que ce soit dans le Mexique de 1916, la Russie révolutionnaire, en Chine durant la guerre civile, en Inde avant et après l'Indépendance. Une raison suffisante pour justifier un film.