Premier chef d’œuvre de John Boorman, « Le Point de non-retour » fait exploser le cadre du film noir pour ouvrir sur une pure expérience de cinéma. Il se refuse d’abord à toute caractérisation et à toute psychologie : il réduit la motivation des personnages à l’essentiel et débouche naturellement sur la fable. La valeur explicative des nombreux flash-back est mince : l’essentiel qu’ils nous livrent n’est ni psychologique ni narratif, mais poétique. La construction circulaire du récit achève d’ailleurs de conférer à l’ensemble une impression d’irréalité, comme d’une réalité filtrée par le songe. Pris dans les tourbillons d’une tempête qu’il a lui-même provoquée, Walker n’échappe pas à son cauchemar. L’impression onirique est accentuée par le dédoublement de la femme de Walker qui, morte, semble se réincarner dans sa sœur (leur ressemblance est recherchée par Boorman). Comme dans un rêve aussi, les évènements échappent au dernier moment à celui qui les vit. Car Walker, tout en ayant l’attitude et les gestes de l’implacable meurtrier, ne tue jamais. Il n’est qu’un pion dans un ensemble immense (le capitalisme ?) qui l’utilise, qui récupère même ceux qui s’opposent à lui… La quête d’argent de Walker est un motif dérisoire ; plus profondément, il veut arriver à la source du pouvoir de cette mystérieuse « Organisation » qui a toutes les apparences de la légalité WASP ; centre qu’on ne peut jamais atteindre. Renforcé par l’abstraction des décors (où l’homme apparaît toujours écrasé par les infrastructures ou perdu dans le labyrinthe architectural), le film tout entier contribue ainsi à nous donner une vision au bord du fantastique d’une Amérique pourtant très réelle. La description lyrique par Boorman d’un pays qui semble ne trouver d’issue que dans la violence rappelle celle d’Aldrich dans En quatrième vitesse. Là aussi, à partir d’un ouvrage de peu de poids, nous était contée une fable apocalyptique. La société secrète a remplacé « la chose », la stabilité inébranlable succède à la destruction finale, mais Walker, comme Mike Hammer, n’en est pas moins un chasseur d’ombres à la recherche d’un Graal inaccessible, entouré du même cortège de forces obscures et maléfiques, d’images de mort et de peur. Dans l’impossibilité pour Walker de vaincre sa névrose, de sortir du climat hallucinant et asphyxiant où il vit, il y a le goût d’un échec amer. C’est le mérite de Boorman d’avoir su être aussi allusif, de nous avoir livré en en préservant le mystère une fable du 20ème siècle ; la morale est détruite, la corruption règne sous les surfaces lisses et une surenchère de violence ne débouche que sur les ténèbres d’une prison où les gardiens sont inutiles.
La lecture des nombreuses critiques élogieuses concernant Le Point de non retour, m'ont motivé à le visionner!! Le résultat fut décevant!! En effet, dès les premières minutes, j'étais mal à l'aise avec ces "ellipses" qui m'ont totalement désarçonné! Je me suis bien accroché à mon canapé pour subir la suite! D'abord, j'ai trouvé que le personnage de Walker (malgré le talent de Lee Marvin) manquait de consistance psychologique, c'est une ombre qui apparait par-ci par-là, éliminant ses cibles avec une facilité déconcertante sans qu'il y' ait la moindre intensité dramatique. Ensuite, il y a la scène de la discothèque qui est particulièrement insupportable avec ce musicien noir "hurlant" sur scène faisant vaguement allusion à James Brown. J'étais étonné de voir Boorman réactualisant le stéréotype du Noir-danseur-chanteur-festoyeur !! La rareté des dialogues et l'absence de suspense font de ce film une œuvre expérimentale dans laquelle on voit naître les caractéristiques de l’esthétique seventies!
Ce fut un calvaire de regarder ce film, ce fut tellement inssuportable que j'en ai arrété le tout au bout de 40 minutes. Le film est caractéristique des années 60 - 70 : expérimentale, prétentieux et fausse créativité. John Boorman a réalisé de meilleurs film par la suite.
Walker, accepte un coup pour aider son pote Reese, mais celui-ci lui tire dessus, fuit avec sa femme et sa part du butin... La recherche de Reese n'est que le début d'une poursuite qui vire à l'absurde... "Le point de non-retour" nous offre un scénar original, on s'essouffle pour Walker car quoiqu'il se passe, il y a toujours un homme supérieur à gravir, une hiérarchie de l'argent sans fin. Les morts, les promesses, le but perdent peu à peu leurs poids. Les images du passé (retour sur des scènes clés du film) sources de dissociations psychologiques pour notre héros interfèrent avec celles du présent (très belle juxtaposition, un clip trauma) et Walker, choqué, incarne progressivement une vengeance sans substance.
Une science du découpage hallucinante, une utilisation du montage virtuose, une mise en scène expéimentale superbement audacieuse, le talent de Lee Marvin et la maîtrise de Boorman font de ce polar une film impressionnant, passionnant, basé sur une idée fixe et rehaussé de poésie douceresse. Magnifique.
Bon polar qui a bien vieilli, porté par Lee Marvin. John Boorman nous entraîne sur les chemins classiques du western urbain, où le héros solitaire recherche la vengeance, mais le scénario réserve quelques surprises. La narration est atypique entre les flashes syncopés, les scènes brutes de décoffrage et des ellipses qui donnent un aspect onirique au milieu des déchaînements de violence. Celle-ci reste tout de même soft, tout comme les scènes érotiques. La musique et l'ambiance font parfois penser à un épisode de Johnny Staccato, mais avec la couleur psychédélique en plus. Lee Marvin est épatant et monopolise l'attention. Les personnages secondaires intéressent peu le réalisateur. Angie Dickinson (actrice très moyenne, je trouve) ou une autre dans le rôle principal féminin, peu importe. Bref, si vous cherchez autre chose que la plupart des productions un peu trop lisses que nous propose trop souvent le cinéma américain, allez jusqu'au Point de non retour.
voilà un chef d’œuvre. Signé John Boorman, il nous livre là une vraie expérience de cinéma. Les nombreux flash-back déroule une histoire linéaire et passionnante. La construction circulaire du récit achève d’ailleurs de conférer à l’ensemble une impression de forme parfaite et onirique. Walker - le héros - est enfermé son cauchemar. Et le spectateur est captif du récit ; une pure merveille !
Si le scénario est des plus ordinaire, à savoir l'histoire d'un ganqster moderne (Lee Marvin, hallucinant) qui cherche à se venger de la trahison de ses ex-complices, John Boorman transcende son script de départ grâce à une extraordinaire maestria. Le montage est incoryablement vif et recherché, l'utilisation des décors et des couleurs est tout aussi fabuleuse. Mais surtout, il y a cette ambiance paranoïaque à souhait, ce climat qui nous prend à la gorge. Certaines séquences sont des moments d'intensité inoubliables: la scène de la boîte de nuit, le moment où Lee Marvin tire sur le lit vide de sa femme. Un film unique, mélange inédit entre le film noir classique et le cinéma expérimental à la mode (Resnais et Antonioni ne sont pas loins) qui peut irriter. Peu importe, "Le point de non-retour" est un film immense !