2014 (attention, c'est pour bientôt !) : la folie des hommes a provoqué une catastrophe climatique, et une nouvelle ère glaciaire. Il n'y a que quelques milliers de survivants qui ont trouvé refuge à bord du "Snowpiercer", propriété d'un tycoon excentrique à la Howard Hugues, dont la passion est non l'aviation, mais le rail, Mr Wilford (Ed Harris). Ce train brise-glaces tout confort pour survivalistes aisés, voire très aisés, a été complété pour l'occasion par des wagons de queue où s'entassent des misérables. Pourquoi s'encombrer de ces bouches à nourrir ? On le comprend peu à peu, quand débute la scène, fin 2031, alors que le train gigantesque vient d'accomplir une nouvelle boucle, comme chaque année, tout autour de la Terre, et que se met en place une nouvelle sédition des wagons de fin de convoi.
Quel genre de film a donc écrit (d'après une série de BD françaises des années 80) et réalisé le Sud-Coréen Bong Joon Ho ("The Host"), en langue anglaise, et avec un casting largement anglo-saxon (à l'exception notable de 2 de ses compatriotes, jouant un père et sa fille, en guides stipendiés à coup de drogue par les mutins) ? Un film futuriste ? Un film d'aventures ? Un film dramatique, une fresque épique ? Du premier, "Snowpiercer" a certains attraits technologiques attendus en Première classe, autant que de dérives "sociétales" dans la zone réservée à la quasi-chiourme. Le film se déroule dans un parfait huis-clos, même si compartimenté en mondes étanches, ce monstre d'acier qu'est le train, plombé - il file dans le "Grand Blanc", mais pas pour l'explorer, juste en strict mode survie (si le train s'arrêtait, ce serait la mort assurée pour ses passagers). Curtis (Chris Evans) a passé la moitié de ses 34 ans à bord du train, quand il prend la tête de la révolte qui va faire l'essentiel du récit. Ses lieutenants principaux sont le "sage" Gilliam (John Hurt) et le fidèle Edgar (Jaimie Bell), embarqué nourrisson : les "gentils". Qui remontent le train, de sas en sas, avec leurs troupes dépenaillées, affrontant mille dangers, car les "méchants", folklorique (comme le "ministre" Mason - Tilda Swinton) ou lourdement hostiles, sont, sinon nombreux, du moins ayant l'avantage de l'armement, et de l'entraînement au combat. Mais l'enveloppe complexe (SF, drame, épopée..) est au service principal d'une morale dont on voit peu à peu les contours se dessiner, de péripétie en péripétie, le tout rétrospectivement étant une sorte de fable sociale, voire politique, aux dernières images iréniques, rompant brutalement avec 2 heures de lutte âpre, où la violence est le langage privilégié la plupart du temps.
C'est très inégal, pas toujours justifié, ni vraisemblable, à l'occasion surligné, mais on ne s'ennuie pas - le spectacle est prenant ! Ce qui permet de passer sur telle ou telle faiblesse dans le récit - et elles sont nombreuses, ou sur la conclusion convenue, autour du libre-arbitre. Pas de quoi crier pour autant à la prouesse cinématographique : 3/5.