Western psychanalytique d'une part, et fresque cosmique de l'autre, le territoire et l'ambition du film sont immenses . Scénario concret, physique d'une haine plus dense encore que la pierre, celle de Grant Callum pour la famille des Rand . La trajectoire de cette destinée d'un personnage (incarné par Mitchum remarquable qui est hanté par une vision de bottes et d'éperons allant et venant sur un parquet de bois à la hauteur de son visage. ) subissant l'emprise de son passé permet à Walsh de bâtir et d'explorer un univers qui commence au plus profond du cœur d'un homme et va se perdre quelque part dans l'infini .
Comme de nombreux films construits sur le même type, le flash-back sur lequel repose le récit de La Vallée de la peur est totalement futile. Et non seulement il n'introduit aucun aspect intéressant de l'intrigue, mais en plus il détruit tout suspense concernant la relation entre Robert Mitchum et Teresa Wright. A ce propos, un autre cinéaste tel que Wyler (qui a donné à Teresa Wright le statut de star) s'en serait très bien sorti dans ce tableau effrayant de haine familiale, au lieu de s'empêtrer dans des retournements de situation invraisemblables qui ne sont d'ailleurs pas tellement le centre d'intérêt de Raoul Walsh. En effet, il s'agit bien d'une chasse à l'homme comme le suggère le titre (Pursued) et si on retire les prétextes de cette poursuite vengeresse, inutiles dans le cadre du western, on obtient un film d'action de premier ordre. Durant les premières minutes, on a l'impression que les vastes plaines du Nouveau Mexique nous racontent Les Hauts de Hurlevent sur un ton bien plus calme et bon enfant que sur la lande sauvage et mouvementée décrite par la plume d'Emily Brontë. Non, on a tôt fait de se concentrer sur le personnage de Robert Mitchum et les raisons qui font qu'adoré et adulé par la ville entière, il devient du jour au lendemain le gibier de potence idéal dans l'esprit de tous. Servi par des acteurs remarquables qui font oublier un récit aux revendications psychologiques fumeuses (les réminiscences ridicules du héros), La Vallée de la peur est un Walsh rare qui a le mérite de prôner l'action devant le fatalisme : malgré les jeux de pile ou face, ce ne sont jamais les hasards qui déterminent les événements, mais bien la volonté et les sentiments opposés des protagonistes.
Après la Seconde Guerre Mondiale, la psychanalyse s'est emparée de Hollywood donnant des résultats plus ou moins heureux. Il était inévitable qu'elle s'empare du grand genre hollywoodien par excellence : le western. Et les deux forment contre toute attente un ménage harmonieux. On se concentre plus sur l'intérieur des êtres qu'aux habituelles fusillades, attaques et autres ce qui n'empêche pas du tout le souffle bien caractéristique du cinéma de Raoul Walsh d'être au rendez-vous et le western d'être intéressant et réussi de ce point de vue-là. Sans parler de l'aspect très peu conventionnel que cela donne à l'ensemble. On peut juste regretter un côté excessif à l'ensemble à travers quelques fois l'interprétation, surtout en ce qui concerne celle de Teresa Wright, et la BO de Max Steiner. Reste que l'audace indiscutable de "La Vallée de la peur" et son originalité en font un western incontournable. A noter une superbe photo en noir et blanc de James Wong Howe.
Il s'agit d'un des tout premiers westerns psychologiques sur un fond de film noir comme certains polars. Ce western sort du lot par l'intelligence de son scenario et par les mouvements sobres de caméra dans certaines scènes. Le noir et blanc renforce la puissance et la beauté du film. Robert Mitchum incarne là un de ses meilleurs rôles.
Magnifique western aux aspects de psychanalyse et de film noir, qui lui donnent cet aspect si unique. Robert Mitchum y interprète un homme obsédé par son passé obscure, et sur la fameuse nuit où il a été recceuilli par sa mère d'adoption. Tout est là pour un chef d’œuvre, des paysages de l’ouest américain devenus lugubres par le clair obscure, aux acteurs excellents en commençant par Mitchum mais aussi la magnifique Teresa Wright, en passant par la musique sombre et funèbre de Max Steiner. L’intrigue, pleine de mystère, écrite par le talentueux Niven Busch, conjuguée à la mise en scène parfaite de Raoul Walsh, donne lieu à un film unique dans l’histoire du cinéma, western onirique et envoûtant, qui recèle un drame poignant. Vraiment de toute beauté, La Vallée de la peur est une œuvre énigmatique dont on ne revient pas.