Le Royaume interdit
Un film de Rob Minkoff
L’idée était intéressante. Associer deux feux follets -chacun emblématique d’un genre- du cinéma asiatique au cœur d’une histoire de prophétie contrariée avait de quoi séduire un assez large public.
Les comédiens Jackie Chan et Jet Li avaient déjà largement fait leurs preuves de part et d’autre de l’Atlantique, sans jamais se croiser à l’écran. Figures appréciées dans leur spécialité –le film d’action à prendre au premier degré pour Jet Li, l’action débridée habilement mêlée à la comédie pour Jackie Chan- les deux acteurs se retrouvent dans une histoire prenant pour décor la Chine Médiévale. Une Chine dans laquelle un jeune Américain, Jason, se trouve propulsé après une mauvaise chute, au centre d’un royaume gouverné d’une main de fer par un despote immortel. Tout un programme, auquel son cadre de vie douillet ne pouvait l’avoir préparé.
Jason est un jeune homme passionné de kung fu, un doux rêveur qui connaît par cœur l’ensemble des mouvements de ses idoles au cinéma, mais ne le pratique pas. A la suite d’une altercation avec une bande du quartier, Jason va perdre connaissance pour se retrouver étendu sur une natte, au beau milieu de la campagne de l’Empire du Milieu. Démuni, désorienté, pris à partie par les armées du seigneur de la guerre, Jade, Jason ne devra son salut qu’à l’intervention d’un étonnant ivrogne, le moine T’sa-Ho. Celui-ci lui apprendra les raisons de sa présence. Virtuose dans l’art du kung fu, et plus particulièrement dans la danse de l’homme ivre, T’sa-Ho sera le guide de Jason dans sa quête, qui lui fera croiser le chemin de deux autres alliés, Moineau doré et le moine silencieux, avant d’aller défier le seigneur de la guerre.
Le film s’ouvre sur un générique qui fait plaisir à voir. Plutôt inhabituel, il rend hommage aux figures légendaires du genre en superposant des dessins et des affiches de films de l’époque de l’âge d’or de la Shaw Brothers. Et on ne parle pas que du Maître, Bruce Lee, même s’il reste tout de même très présent. D’emblée, le film s’annonce comme une production pour teen-agers. La première apparition de Jackie Chan et sa danse de l’homme –saoul est là pour le confirmer. Parallèlement cette séquence fera naître un sentiment de nostalgie chez les autres, ceux qui se régalaient de ce type de production il y a une bonne vingtaine d’années.
L’intrigue a beau être un brin éculée (simpliste diront les mauvaises langues), et le film traversé de quelques longueurs, il reste pourtant un honnête divertissement avec bons sentiments et dialogues surannés de rigueur. Indissociable du genre auquel il se réfère, Le Royaume interdit offre au spectateur de somptueux décors dans lesquels de vifs combats prennent place. Les scènes entre Jackie Chan et Jet Li font évidemment partie des plus marquantes, mais ne devraient pas faire oublier que le film parvient à son but, allier l’univers enfantin au film d’action. Qu’il est loin, le temps des Goonies, des Gremlins, Princess Bride et autres Histoires sans Fin…