Ultime référence de deux légendes vivantes du cinéma d'arts martiaux aux productions de la Shaw Brothers, teintée de Bruce Lee (un peu) et d'Heroic Fantasy (beaucoup), "Le royaume interdit" se fait joyeusement l'héritage pas très sérieux de tout un pan du cinéma asiatique. Sauf que cette fois, le film est américain. Malheureusement. Si l'on peut encore excuser le côté bon enfant de l'entreprise, ses sentiments affligeants de simplicité et ses tirades philosophiques à deux sous, sous prétexte que le film renvoie à une époque où le déroulement des scénarios n'allait pas vraiment plus loin que ça, cela ne suffit pas pour remplir son (maigre) cahier des charges. Effets spéciaux ringards, acteurs ridiculisés (en particulier Jet Li, qu'on a connu si profond dans "Danny the dog"), décors en carton pâte, plagiat du Seigneur des anneaux et de "X-Men" , bref, "Le royaume interdit" peine vraiment à convaincre, et son ridicule voulu (et qui n'est là au fond que pour masquer la nullité de la mise en scène) n'a rien d'attachant. L'aventure est deux fois trop longue, à regarder les yeux fermés tant les péripéties sont d'une prévisibilité à toute épreuve, et l'image d'une laideur effroyable. Cheap et jamais drôle, le film, dont l'interêt peut se résumer en premier lieu à la confrontation de Jackie Chan et de Jet Li, et en deuxième à l'alchimie ringarde entre action et surcharge d'humour, n'a aucune personnalité, à tel point que l'ennui pointe son nez avant le plaisir. Gorgé de symboles pour lecteurs Astrapi (Moineau doré et sa réincarnation du futur, sic) et de séquences censées faire rêver (le roi singe, mouai), "Le royaume interdit" est tout simplement un navet de taille mondiale, entrecoupé de trois misérables scènes de kung-fu, et qui, sous couvert d'un désir de ré-alimenter le genre et la légende de films naïfs mais forts, centrés sur des combats à couper le souffle, s'autorise toutes les niaiseries imaginables. A fuir.