"Man of Steel", nouvelle vision du mythe Superman, est un blockbuster qui laisse mitigé. En effet, si la forme de ce long-métrage est pour ma part très réussie, le fond l'est moins.
Zack Snyder est un réalisateur que j'adore. Il a réalisé les chefs d'œuvres "Watchmen" et "Sucker Punch", ainsi que le très divertissant "300". L'on sent bien sa patte artistique dans ce nouveau film de super-héros, tant les thématiques qu'il aborde habituellement sont encore une fois traitées, et tant sa mise en scène se montre comme toujours efficace. Pour commencer sur les points positifs, la réalisation est très bonne. Les scènes d'action sont prenantes, rythmées et dynamiques, ne laissant aucun répit au spectateur, comme à son héros. La photographie est magnifique et stylisée, balançant dans les bleus, les couleurs légères et souvent froides ou ternes à l'image de la Terre. Les effets visuels sont quant à eux saisissants, et apportent un certain réalisme à cette œuvre cinématographique critiquée. Techniquement, "Man of Steel" est splendide, idem pour les costumes et les décors ;ainsi que la bande sonore que j'ai apprécié.
Pour ce qui est du casting, il est convaincant. Henry Cavill ("Code UNCLE") se révèle être un Clark Kent charismatique, il porte le film avec une prestation tout à fait crédible. Cependant, les acteurs secondaires ne sont pas pourvus de personnages aussi développés. Amy Adams ("Big Eyes") interprète Loïs Lane, mais même si sa performance est bonne, son rôle est agaçant. Lawrence Fishburne ("Hannibal"), Diane Lane ("Intraçable"), Kevin Costner ("Danse avec les loups"), Michael Kelly ("Everest") et Russel Crowe ("Gladiator") sont quant à eux sous-exploités mais crédibles dans leurs prestations. Vient enfin le méchant, le Général Zod. Incarné par un Michael Shannon ("99 Homes") en pleine forme, c'est un personnage aux motivations peu travaillées bien qu'il reste imposant dans sa carrure.
Nous venons donc petit à petit au principal défaut de ce "Man of Steel" : son scénario. Si Superman est bien mis en avant grâce à des flashbacks et une exposition qui fait l'affaire, le reste ne prend aucun risque. La noirceur des films produits par DC Comics, et ceux du producteur Christopher Nolan ("The Dark Knight") n'est pas présente. Le long-métrage n'est qu'une grosse scène d'action violente et bien filmée, sans développer certains aspects de l'univers. Je regrette particulièrement un traitement des Kryptoniens trop inabouti, ainsi que quelques trouvailles scénaristiques sous-exploités. Le rythme n'est pas assez immersif, l'ambiance est assez chaotique en alternant scènes spectaculaires, scènes dramatiques et moment de bravoure. La dualité iconique de ses personnages est toutefois intéressante, affrontant par la même occasion la justice et le devoir. Forçant notre héros à s'interroger sur son destin, son devoir de justicier, cette confrontation l'amènera à devenir celui qu'il est. David S. Goyer ("Unborn") a réfléchi sur son sujet, ses thèmes abordés et à la reconstruction d'un ange de l'apocalypse. Il se veut être à la hauteur de "Batman Begins", celui qu'il ne réussit pas totalement. Les références sont pourtant présentes, les enjeux à l'ampleur dantesque aussi. Les dilemmes moraux de Clark, que dis-je, de l'Homme d'acier restent cependant captivants et en parfait lignée dans la filmographie du réalisateur. La religion, le surhomme, la guerre et la famille, ainsi que le mouvement des corps pour le visuel sont traités avec puissance par le metteur en scène et par la force physique et mentale de son anti-héros.
S'il reste supérieur au "Superman Returns" de Bryan Singer, et aux autres DC Comics adaptés à l'écran tel "Green Lantern", "Man of Steel" ne fait pas le poids face à la concurrence de Marvel avec ses "Avengers" et autres héros développés. Le film ne reste pas moins spectaculaire et fait office d'un divertissement à regarder. Zack Snyder ne maitrise certes pas totalement son long-métrage, mais reste loin du naufrage.