Il y a pas à dire, les films de super-héros ont vraiment changé notre vision des blockbusters et même du cinéma actuel en général.
Après que Marvel ait lancé sa saga super-héroïque avec les Avengers, ce n'était qu'une question de temps avant que la Warner Bros. propriétaire de la gamme de super-héros de la franchise DC ne se lance dans la course.
Avec une approche différente de celle de Marvel, plus sombre, plus réaliste, plus moderne. Avec Zack Snyder à la réalisation, David S. Goyer au scénario épaulé par le grand Christopher Nolan qui produit le film mais pas la suite (là-dessus j'ai envie de dire qu'il a été bien plus malin que tout ce beau monde, mais je m'égare...).
Mais aujourd'hui, on est en 2016. Et après avoir critiqué Batman V Superman et Suicide Squad qui se sont révélés êtres des déceptions pour ne pas dire des catastrophes, j'ai décidé de me remettre dans le contexte de départ de cette saga qui se trouve à l'heure actuelle dans le rouge à cause des exécutifs de la Warner qui mériteraient une bonne claque en pleine figure pour leur faire comprendre qu'ils accumulent mauvaises décisions sur mauvaises décisions qui pourraient provoquer un arrêt brutal de la qualité de l'Univers DC. Mais j'y viendrai à la fin de ma critique.
Après avoir revu Man of Steel, je suis fixé sur une chose maintenant. Comme pour Marvel avec Iron Man, le commencement de la saga s'avère être la meilleure (ou la moins pire dans ce cas-là...). Zack Snyder, ce passionné de comics a bel et bien réussit le pari de ressusciter le mythe de l'Homme-d'Acier avec ce film.
Le film possède autant de défauts que sa suite, mais il réussit pourtant à apporter les différences qui donnent à l'Univers DC cet attrait pour les films à venir (attrait qui va foutre le camp malheureusement).
Pour commencer, la plus grande réussite du film est indéniablement sa Bande-Originale composée par Hans Zimmer. La pente artistique qu'il subit en ce moment n'a pas eu de mauvaise influence sur son travail en 2013. Il y a de bonnes recherches, il y a un véritable du spectacle comme il aime en offrir. Le thème principal du film est sans aucun doute LA chose que tout le monde a retenu de ce long-métrage. Ce qui ne sera pas le cas de sa trame...
Et là-dessus, j'ai bien envie d'une version longue pour Man of Steel, car il en aurait bien besoin tant le résultat est brouillon.
Des scènes semblent manquer
(la découverte de Kal-El par les Kent s'il vous plaît ?)
la trame narrative n'est pas fluide à cause de raccourcis spatio-temporels légions, les personnages sont introduits maladroitement comme si on était déjà censé les connaître.
Les moments de développement sont survolés et le troisième acte principalement composé d'action se révèle interminable (et j'ajouterai aussi qu'on se serait bien passé des petites touches d'humour tant elles font sortir du film à cause du contraste).
Le rythme mal géré s'impacte sur le développement des personnages, en particulier Clark Kent qui est plus lisse qu'autre chose et les propos de certains qui se contredisent au fil du film.
Clark Kent est un personnage tellement lisse qu'il n'a que son image populaire dans la pop-culture pour réellement intéresser puisque ses relations avec les autres personnages sont trop survolées et qu'on n'aborde pas suffisamment son point de vue sur ce qu'il se passe.
Loïs Lane est une nette amélioration de l'image qu'on a d'elle de la femme en détresse mais la romance entre elle et Superman est lancée beaucoup trop vite et devient au final bâclée voir clichée.
Zod quant à lui est bien badass. Il représente bien l'antithèse de Superman dans le film. Lui qui n'est que le fruit des erreurs de Krypton.
Il décide à la fin d'être le énième méchant qui veut tout faire péter mais il a une bonne justification pour le coup.
Pour Martha Kent, on ressent tout l'amour qu'elle a pour son fils et on sent qu'elle veut le protéger.
Et pour parler des autres personnages, il n'y a rien à en tirer si ce n'est les acteurs derrières. Le problème avec eux est concentré sur Jonhathan Kent et Jor-El, les deux pères de Superman.
C'est simple, j'avais vraiment du mal à les voir comme de véritables personnages tant leurs paroles semblaient trop sortir d'un texte pour avoir l'air sincère. Je ne voyais pas de pères mais des coachs.
Le même problème qu'on verra dans Batman V Superman. Zack Snyder passe trop rapidement le développement nécessaire pour aller trop rapidement vers l'essentiel. A cause de ça, tout le prologue sur Krypton n'arrive pas à prendre tant le contexte est incompréhensible puisqu'il n'y a pas d'explication.
On est tout de suite balancé à la fin de vie de la planète en plein milieu d'un putsch. Et je soupçonne même cette dose d'action d'avoir été mis-là pour nous détourner des questions qu'on devraient se poser durant ce prologue...
Pour quelle raison les Kryptoniens ne s'enfuient pas alors qu'ils ont la technologie nécessaire pour y parvenir ?
Pourquoi personne ne croit Jor-El sur la destruction prochaine de Krypton ?!
Si les Kryptoniens possédaient des colonies, pourquoi ils les ont abandonnés alors que leur technologie n'a (visiblement) pas évoluée en 20 000 ans ?!
Pourquoi les Kryptoniens font des naissances artificielles ? Et pourquoi les enfants naturels sont une hérésie ?
Mais surtout, pourquoi Zod fait un coup d'état ?!
Il y avait pourtant du potentiel avec tout ce qu'on peut faire d'une planète comme celle-là, mais le mystère n'est pas là, nous ne sommes pas fasciné par ce qui se passe.
Et lorsqu'on arrive à la partie où Zod et son groupe arrivent sur Terre, alors là c'est le festival !
La technologie Kryptonienne n'a strictement aucun sens.
Pourquoi la destruction de Krypton libère Zod et sa clique de la Zone Fantôme ?
Et comment peut-elle permettre de se téléporter dans l'espace ? (démontrant encore plus la stupidité des Kryptoniens de ne pas avoir évacué leur planète).
Et si Zod possède carrément une machine de terraformation qui permet de changer n'importe quelle planète en Krypton bis...alors pourquoi prend-il le risque de terraformer la Terre et de faire de Clark son ennemi alors qu'il pourrait partir et terraformer une planète inhabité ???
Le film ne donne absolument AUCUNE justification à tout ceci. Il n'y aucune raison crédible de faire ça si ce n'est que les Kryptoniens agissent comme des abrutis.
Alors on regarde sans rien comprendre le prologue d'un film qui se donne l'air intelligent avec des thématiques certes bienvenues mais dont la plupart ne vont nulle part.
Le concept des enfants Kryptoniens préconçus, aussi intéressante soit-il, ne servira à rien du tout en plus de faire de Jor-El un sacré hypocrite
(je sais pas vous, mais dire tout le long que destiner un enfant à une seule fonction dans toute sa vie c'est mal alors qu'il destine lui-même son fils à devenir un dieu pour les humains...
D'autant qu'on n'aborde même pas le point de vue de Clark sur la question. Quand je vous disais qu'il est lisse).
Et puis au fait, pourquoi Jor-El ne détruit pas le Codex au lieu de le télécharger à l'intérieur de son fils alors qu'il ne lui servira à rien puisque c'est le témoignage de toute les erreurs de Krypton ?!
Mais ces erreurs d'écritures sont parfois excusés par la mise-en-images de Zack Snyder qui permet de ne pas s'endormir devant malgré l'incompréhension. Bien qu'elle est très perfectible sur ce point.
Les scènes d'actions sont créatives et jouissives et on peut reconnaître l'audace de provoquer autant de destruction dans ce film pour servir les intérêts de la saga.
Mais je vous garantit que ça va vous lasser au bout d'un moment tant le climax est interminable et que l'utilisation parfois abusive des zooms brusque sur les scènes d'actions devient ridiculement répétitive et relève de la facilité quand on se rend compte que la quasi-totalité des plans-large en comportent (et c'est sans parler des lens-flare abusifs dans tout l'ensemble du film).
Mais malgré tous ces défauts, il y a une certaine passion qui se dégage de ce film. Malgré certains thèmes abordés qui passent à la trappe, celui de la position de Superman dans un univers réaliste post-11 Septembre est très bien utilisé.
Les personnages mal-abordés restent intéressants pour autant et le sérieux du film est abordé à fond pour plonger complètement le concept à la base kitsch de Superman dans un monde où un idéaliste comme lui n'a pas sa place.
On sent clairement que Zack Snyder et la Warner souhaitaient apporter une toute autre formule pour faire concurrence à Marvel et sur ce point, Man of Steel y arrive. Avec les prises de risques et autres changements appréciables. Bien qu'il aurait pu être mille fois meilleur sur la narration et le développement de sa toile de fond.
Ce qui est d'ailleurs dommage pour la suite. Car suite aux mauvaises critiques de Batman V Superman, la Warner ne prend que les mauvaises décisions à forcent d'écouter les mauvais conseils et de faire l'autruche envers leur public.
Ces mauvaises "critiques" (j'insiste sur les guillemets) qui reprochaient à Man of Steel et Batman V Superman d'être trop "sérieux" ont été entendus par les exécutifs de Warner Bros qui ont décidés de rendre leur univers que plus coloré et "fun" alors que l'approche réaliste et sombre de DC était leur principale qualité qui lui permettait de réellement se différencier des autres blockbusters actuels.
Et le catastrophique Suicide Squad ne les a visiblement pas convaincu de reprendre la bonne décision, puisqu'ils ont annoncé que leur prochain films ne seront plus du tout sombres, mais se rapprochant des Marvel.
Alors profitez bien de Wonder Woman car après ça, n'espérez pas plus que des films de super-héros lambda pour la suite du DC Cinematic Universe.
Vraiment dommage, car Warner avait clairement quelque chose de neuf à apporter dans les films de super-héros avec DC. Mais à force de bâcler la construction de leur univers, leur films ne feront que perdre en qualité, et ça, ce ne sera pas volé.
Bon, au moins on a pu voir Superman sans son slip rouge...