Cela fait déjà trois ans que l’homme d’acier est revenu sur les écrans de cinéma et il était donc temps, au moment de la sortie du très attendu et surtout du très redouté Batman v Superman : L’Aube de la Justice, de revoir et de réévaluer cette dernière adaptation en date de cet icône mythique de la pop culture. Au moment de sa sortie en juin 2013 je reconnais m’être un peu (beaucoup ?) emballé sur ce film en allant jusqu’à le qualifier de chef-d’œuvre du genre. Je sais c’est un peu fou vu comme ça mais après l’avoir revu plusieurs fois, je dois avouer que même si mon avis à un tout petit peu changé, Man of Steel reste un excellent film de super-héros malgré ses quelques éléments contestables. Un petit garçon découvre qu’il possède des pouvoirs surnaturels extraordinaires et qu’il n’est pas né sur Terre. Plus tard, une fois devenu adulte, il s’engage dans une quête personnelle afin de comprendre d’où il vient, qui il est réellement et pourquoi il a été envoyé sur notre planète. S’interrogeant sur le rôle et la place qu’il doit tenir dans la société humaine, il se retrouve alors confronté aux derniers survivants de son espèce menés par le terrible général Zod qui menacent la Terre de la destruction totale dans le but de faire revivre leur monde disparu. Face au rouleau compresseur qu’est le Marvel Cinematic Universe qui enchaîne les succès au box-office à chaque nouveau film super-héroïque, le grand rival historique DC Comics compte bien s’imposer une bonne fois pour toute en mettant lui aussi en place son propre Cinematic Universe. La tâche semblait d’abord très compliquée pour DC Comics et Warner Bros puisque les studios n’avaient alors aucune base solide pour fonder un éventuel « DC Cinematic Universe ». A l’époque, la trilogie Dark Knight de Christopher Nolan s’était tout juste achevée en marquant durablement les esprits, Green Lantern de Martin Campbell avait été un énorme flop en 2011, le Superman Returns de Bryan Singer sorti en 2006 avait déçu Warner et pas mal de monde, le projet de George Miller de réaliser un film sur la Justice League avait fait plouf,… bref la situation était donc assez critique pour DC, et surtout que le concurrent Marvel a réussi en l’espace de quatre ou cinq ans à rassembler ses héros phares dans un seul et même film qui fut un gros succès commercial. Et donc une fois la trilogie Dark Knight de Christopher Nolan terminée en 2012, les studios ont donc put se lancer dans leur ambitieux projet d’avoir leur propre film choral de super-héros, à savoir Justice League avec entre autre Superman, Batman, Flash et Wonder Woman dans l’équipe. Pour arriver à cet énorme film fantasmé depuis très longtemps par de nombreux fans, il faut d’abord passer, comme Marvel l’a fait, par des aventures solos des héros qui composeront l’équipe de la Justice League. Et donc tout commença en 2013 avec la sortie de Man of Steel, la première pierre fondatrice de ce tout jeune DC Cinematic Universe. D’abord, ce qui permet selon moi d’expliquer le pourquoi et la place importante de ce film au sein de cet univers cinématographique est qu’il faut savoir que l’un des personnages centraux de la Justice League est celui de Batman. Cependant, il se trouve qu’à l’époque le public a déjà eu droit à la trilogie Batman de Christopher Nolan entre 2005 et 2012, et qu’il était donc inutile de re-rebooter le personnage de Batman immédiatement car la version de Nolan étant encore très fraiche dans l’esprit des spectateurs. De plus, il faut savoir que la trilogie Dark Knight ne se déroule pas dans le même univers que les films qui suivront Man of Steel et qu’un nouveau Batman verra le jour à un moment donné pour intégrer la Justice League. Ceci étant dit, nous pouvons donc voir que DC Comics décida plutôt de se concentrer, par pure logique commerciale et scénaristique selon moi, sur un personnage mythique clef de voute de la Justice League et qui avait d’ailleurs grand besoin d’un reboot : Superman. Et c’est là que débarque Man of Steel en juin 2013, un des films les plus attendus de l’année et qui sort tout pile pour fêter les 75 ans d’existence de Superman. Il était très important que ce film soit un succès au box-office pour Warner et DC puisque reposaient sur ses épaules plusieurs objectifs : redonner un nouveau visage à Superman, offrir un second souffle à cette franchise en adoptant une vision très moderne dans la lignée de ce qu’a fait Christopher Nolan avec Batman, définir les bases de l’univers, l’ambiance et l’esthétique visuelle du futur DC Cinematic Universe et pour finir réussir tout simplement ce premier film pour partir sur une base solide. La mission a-t-elle été remplie ? Pour moi oui complètement mais pour d’autres c’est plus compliqué sur certains points, surtout sur la qualité du film en lui-même. En effet, au moment de sa sortie Man of Steel déchaîna les passions entre ceux qui ont beaucoup aimé le film, ceux qui le déteste pour ses choix de mise en scène et de scénario, notamment le fameux débat sur la violence et les morts cachés de la dernière partie du film sur laquelle nous reviendront forcément. Tout ceci n’empêcha pas Man of Steel d’être un très joli succès au box-office avec des recettes de plus de 291 millions de dollars rien qu’aux Etats-Unis, un total mondial de plus de 668 millions de dollars, le tout pour un budget amplement remboursé de 225 millions de billets verts. Commercialement parlant le film est une réussite, mais qu’en est-il trois ans plus tard de sa qualité artistique ? De mon point de vue je trouve que les avis ont beaucoup changé sur Man of Steel, le mien en premier mais tout en restant positif voire très positif. J’ai toujours apprécié Man of Steel, à chaque fois que je l’ai revu, et ce pour plusieurs éléments. Mais je dois bien reconnaître que grâce au temps qui passe j’ai pu réévaluer le film et y déceler quelques limites que j’avais déjà pu constater au moment de sa sortie en salle. Ce reboot du personnage de Superman est à mon sens la meilleure version actuelle que nous ayons sur l’homme d’acier car optant pour une ambiance et une esthétique très éloignées des précédentes adaptations. Terminé le côté comique et kitsch de l’ère Christopher Reeve ainsi que le côté hommage appuyé de la version de Bryan Singer, place à une version plus sombre et sérieuse qui se place dans la directe lignée de la trilogie consacrée au Chevalier Noir de Gotham City par Christopher Nolan. Le fait d’offrir un tel aspect à ce nouveau Superman permet aux scénaristes et réalisateur de plus l’ancrer dans notre monde actuel et de le faire devenir purement contemporain à l’image du Dark Knight de Nolan qui possédait un réalisme poussé à l’extrême pour un super-héros. Bien évidemment nous ne dirons pas que Man of Steel est un film de super-héros réaliste, aucunement, mais le ton adopté ainsi que l’esthétique visuelle plus sombre, confère au film cette facette de « film de super-héros sérieux ». On doit cette orientation artistique à Christopher Nolan lui-même qui est ici à la production et sur une partie du scénario ainsi qu’à David S. Goyer qui a notamment signé une partie des scripts de la trilogie Dark Knight. Pour moi cette association des styles Nolan/Goyer à l’univers des comics de Superman ne pouvait donner que de bonnes choses et nous les retrouvons dans Man of Steel. Le scénario est certes classique dans son ensemble et l’histoire de base de Superman tout le monde la connaît, une histoire véritablement universelle imprégnée d’un message hautement symbolique : un « étranger » débarque sur Terre et se révèle être par ses pouvoirs exceptionnels comme une sorte de demi-dieu. Le scénario du film va appuyer énormément sur la dimension messianique et christique de Superman, une sorte de « Christ » parmi les Hommes qui apprend à maîtriser ses pouvoirs tout en cherchant le pourquoi de sa présence sur Terre. La quête existentielle et identitaire du personnage est toujours aussi fascinante à voir et cela permet au film de se détacher des anciennes versions. Il adopte en effet une narration en flash-backs parfaitement bien dosée pour nous raconter aux travers d’éléments fondateurs la jeunesse de Superman pour ensuite revenir au temps présent où le monde s’apprête à découvrir l’existence de cet être divin qui va être confronté à une menace qui le touche au plus près. J’avais énormément apprécié cette narration en flash-back et je l’apprécie encore aujourd’hui car je trouve que cela fonctionne toujours aussi bien, le film est parfaitement prenant du début à la fin. Mais si Man of Steel est si réussit à mes yeux c’est aussi grâce à la présence de Zack Snyder à la réalisation qui réussit à imprégner dans ce blockbuster calibré son style qui en fait fuir plus d’un. Je me souviens lorsque j’avais appris que Zack Snyder réaliserait Man of Steel, j’étais disons sceptique au départ mais j’ai rapidement changé d’avis aux vues des trailers et compris que ce metteur en scène était l’homme idéal pour mettre en scène Superman. Zack Snyder à selon moi eu une grande part de responsabilité dans l’orientation prise par le film car Nolan et Goyer ne sont pas les seuls piliers, la force principale de Man of Steel vient selon moi de la mise en scène qui sonne à 99% Zack Snyder, 1% de moins du fait qu’il n’y ait aucun ralentit, un des tics de mise en scène du réalisateur. Toute la folie de la mise en scène de Zack Snyder dans Man of Steel se trouve dès le début sur Krypton avec une séquence impressionnante où se trouve à la fois les meilleurs moments du film et les meilleurs choix de mise en scène, tout ça condensé dans les vingt premières minutes : la naissance de Superman, le coup d’Etat du général Zod, le départ de Superman pour la Terre, la condamnation de Zod et de ses disciples et enfin la destruction de Krypton, le tout dans une esthétique SF somptueuse très travaillée (vaisseaux, les armures, la cité), une lumière magnifique qui évoque le péplum 300 de Snyder, avec des scènes d’action dantesques, une musique bruyante et épique, une émotion prenante, des personnages charismatiques,… bref une séquence titanesque purement épique et grandiose qui place la barre très très haute. Ensuite, Snyder se lance dans l’histoire de notre héros sur Terre, de sa quête d’identité, des moments importants de sa jeunesse, de son interrogation sur le rôle qu’il doit tenir et bien sûr de son affrontement avec le général Zod qui compte bien faire renaître Krypton sur la planète d’accueil de notre héros. Zack Snyder nous apparaît alors comme un vrai metteur en scène de comics car il a su dans sa filmographie se démarquer par ses adaptations de comics ou plutôt de romans graphiques telles que 300 et surtout Watchmen - Les Gardiens, qui reste à ce jour le meilleur film du cinéaste et un chef-d’œuvre absolu du film de super-héros. Grâce à Zack Snyder Superman est bel et bien de retour en terme de spectaculaire, le scénario, lui, se révèle très prenant malgré son classicisme inévitable mais il a l’intelligence de développer une origin story qui change des normes grâce à ses flash-backs et il questionne également sur des thèmes intéressants tels que le rôle à jouer dans la société, si ce rôle doit être déterminé par une entité, si cela dépend d’un individu. Quelle serait la réaction du monde face à la découverte d’un être aux pouvoirs quasi divins ? De plus, le film aborde également la volonté de cet être hors du commun de se montrer sous son vrai visage tout en connaissant les risques et se demande s’il ne faut pas rester dans l’ombre comme un fantôme. Après, évoquons une qualité indéniable du film qui contribue à sa grandeur de super-blockbuster : sa bande-originale. La musique de Man of Steel est tout simplement une des plus grandes réussites du film car signée par le maître Hans Zimmer. Il s’agit sans doute d’une de mes BO de film préférée car elle est à la fois épique et bruyante tout en étant plus intimiste et « mythologique » car je trouve qu’elle participe à ce côté grand et divin que possède Superman dans le film. Si nous continuons sur le chemin des réussites du film, impossible de passer à côté du casting rassemblé par Zack Snyder. Afin d’offrir à l’Homme d’acier un nouveau visage, la production s’est tournée vers l’acteur britannique Henry Cavill qui possède le physique parfait pour le rôle. Son visage et sa carrure sont tout simplement l’incarnation même de Clark Kent alias Superman, et l’acteur se révèle au final très convainquant dans le rôle, avons-le, assez lisse de Superman et porte le costume admirablement, surtout qu’il a été remis au goût du jour sans le mythique mais très kitch slip rouge. Ensuite, l’acteur qui m’impressionne toujours autant dans ce film n’est autre que Michael Shannon qui interprète le général Zod. Pour moi c’est simple, nous tenons sans doute l’un des meilleurs méchants de tous les films de super-héros existants à ce jour. Michael Shannon offre un bad guy pour une fois habité par des motivations plus intéressantes que conquérir le monde et le soumettre. Ses motivations sont directement liées à sa psychologie et à son comportement. Le général Zod a été conçu pour défendre Krypton et pour aller au bout de sa mission il se voit obligé de la faire renaître sur les cendres de la Terre. Je trouve que le personnage est très intéressant de ce point de vue-là, c’est un soldat implacable qui ne vit que pour défendre sa nation et même si elle est disparue depuis des années. Il ne veut donc pas dominer la Terre ou la détruire pour nous anéantir, tout ce qu’il veut c’est redonner une seconde vie à Krypton et pour ceci il doit détruire l’humanité. Le regard de fer de Michael Shannon suffit à nous convaincre, l’acteur possède un charisme total et il domine le film par sa prestance. « Vous n’êtes pas seuls » ce passage est juste démentiel ! Enfin parmi les acteurs les plus marquants du film nous ne pouvons pas passer à côté des deux figures paternelles de Superman qui sont interprétées respectivement par Russell Crowe (Jor-El) et Kevin Costner (Jonathan Kent). Les deux acteurs sont absolument parfaits et grâce à leur charisme ils apportent à ce film une dimension paternelle et initiatrice magnifique. Mention spéciale à Kevin Costner qui est l’incarnation parfaite du père adoptif de Superman, certes il apparaît peu mais à chaque fois qu’il est là on se sent bien et il pose ces questions intéressantes : comment le monde réagira-t-il quand il découvrira Clark ? Sera-t-il prêt à l’accepter ? Le rejettera-t-il ? Les deux pères de l’Homme d’acier sont plus qu’essentiels à l’intrigue, ils participent à la quête du personnage et ce sont eux qui le forment (physiquement et mentalement) et qui lui donne le courage nécessaire de s’accepter et d’accomplir sa mission. Mais comme je le disais, suite au nombreux revisionnages du film je dois bien reconnaître que Man of Steel n’est pas le chef-d’œuvre que je croyais avoir vu, cela reste un excellent film de super-héros mais qui trouve des limites dans sa deuxième partie. Cette deuxième phase du film tout le monde la connaît : l’affrontement entre Zod et ses troupes face à Superman et l’armée américaine. Man of Steel possède trop mais alors beaucoup trop de scènes de destructions massives. Vous me direz c’est du Zack Snyder, oui d’accord il aime ça, c’est un ami à Michael Bay, mais comme chez Bay, là on a franchi la limite. Smallville est ravagée, des voitures sont réduites en bouillie, des trains sont lancés comme de vulgaires projectiles, des avions sont détruits, des immeubles tombent comme des dominos et sont réduis en cendre, le centre-ville de Métropolis est complètement ravagé,… bref c’est l’apocalypse. Le spectateur est au bord de l’overdose d’effets spéciaux et de tôles froissées, les affrontements sont géniaux et très bien faits certes mais il y a quand même un sentiment de trop plein, de trop de bruit, de trop de casse inutile, de trop de morts qu’on n’évoque même pas (un des débats les plus virulents du film et que Batman v Superman semble rectifier d’ailleurs),… on sent que Zack Snyder s’est lâché dans cette guerre totale entre Kryptoniens mais je pense qu’il est allé un peu trop loin en destruction massive. Apparemment il n’a pas retenu la leçon sur son Batman v Superman : L’Aube de la Justice mais ça c’est une autre histoire… Mais voilà, Man of Steel fait trop dans le spectaculaire quitte à lasser un peu et énerver certains spectateurs et détracteurs de Zack Snyder. Pour conclure, ce Man of Steel constitue une première pierre assez solide pour le DC Cinematic Universe, c’est un blockbuster super-héroïque bourré d’action (et peut-être même de trop d’action) mais le scénario étant bien construit et bien adapté, on lui pardonne un peu ses excès de destructions made in Snyder. Les acteurs sont très bons, la musique est magnifique, la réalisation est de qualité, l’orientation sérieuse fonctionne très bien,… Man of Steel est pour moi un excellent film et je ne m’en lasse jamais ! Il ne reste donc plus qu’à continuer d’avancer tranquillement dans la mythologie et l’univers que comptent mettre en place DC Comics et Warner Bros, et la prochaine étape de ce voyage n’est autre que l’ambitieux et le terrifiant Batman v Superman : L’Aube de la Justice. A suivre donc.