Pour son second long-métrage, le documentariste Frederick Wiseman s’intéresse au milieu scolaire (il le fera à deux reprises, avec High School II - 1994 et 20ans plus tard, avec At Berkeley - 2014).
Ici, il nous immisce au cœur de la "Northeast High School" de Philadelphie, un établissement d'enseignement secondaire dans lequel il a posé sa caméra pendant 5 semaines. Comme à son habitude, il ne dit pas un mot et filme les protagonistes dans différentes situations, nous permettant de voir à quel point ce lycée n’est pas seulement un lieu où l’on inculque le savoir mais aussi (et surtout) les valeurs sociales.
On découvre par la même occasion, ce qu’était le standard de l’éducation dans les années 60 aux États-Unis, de l’idéologie en passant par les valeurs que transmettait l’institution par le biais de ses professeurs à leurs élèves.
On assiste à tout un tas de cours, aussi bien de la dactylographie, de la lecture, de l’histoire, à une dictée, au sport, à l’analyse d’un poème de Simon & Garfunkel, ainsi qu’à un cours d'éducation sexuelle donné par un gynéco (misogyne). Cette immersion nous permet d’assister à ce qui semble être un cours sur la mode (un professeur n’hésite pas à donner son avis sur les tenues vestimentaire des élèves, quitte à critiquer leurs physiques voire leurs tenues). Années 60 oblige, on y parle aussi de la pilule (elle a vu le jour en 1960) auprès des étudiants. Rappelons qu’à la même époque, la guerre du Vietnam battait son plein, on voit que certains élèves partent faire la guerre et que malheureusement, certains n’en reviendront pas (ou reviendront mutilés). Il y a d’ailleurs une certaine forme de propagandisme, il n’y a qu’à voir la séquence finale durant laquelle le film s’achève et ne laisse que très peu de doute sur ce qu’il faut y comprendre. Il est intéressant de constater que certains cours sont non-mixte (la mode pour les uns et la sociologie pour les autres). On apprend aux filles à bien s’habiller et comment marcher en public, tandis qu’aux garçons, on leur apprend à devenir des hommes (on peut s’estimer heureux que le système éducatif ait depuis changé).
La caméra se faufile partout, même chez le proviseur où certains élèves sont réprimandés (un renvoie suite à un mauvais comportement ou puni par une heure de colle). On n’échappe pas non plus aux rendez-vous entre le proviseur et les parents d’élèves, ainsi qu’à d’amusants échanges entre le proviseur et des élèves sur les tenues appropriées ou non (mette une jupe courte est « offensant pour toute la classe » dixit ce dernier). Et bien évidemment, on n’échappe pas au conseil d’orientation.
High School (1968) nous permet de voir notamment comment toute une génération a été conditionnée au cœur d’un système éducatif à majorité blanche.
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