« Ce qu’il y a de plus important chez un homme, c’est le premier regard que sa mère pose sur lui » dit Sébastien, six ans et des brouettes, dans une très belle scène d’ouverture. On est en 1972 et c’est à travers les yeux de ce gamin aussi rêveur que mature que va se dessiner un beau portrait de femme : celui de sa mère (Béart), institutrice et épouse modèle, éteinte par une vie monotone, que le môme fantasme en héroïne de roman-photo, reine heureuse et épanouie...alors qu’elle se meurt d’ennui au sein de son couple (son mari, joué par Gamblin, étant un inventeur farfelu et toujours à l’Ouest, un de ces nombreux « présents-absents» que l’on regarde trop tard ).
Lorsqu’un couple de voisins, libéré et aussi joyeux qu’une pub Kinder, vient emménager près de chez eux, Sebastien voit dans ce bel italien au sourire qui lui bouffe le visage, l’amant idéal de sa mère, celui qui lui fera reprendre goût à la vie. Impossible en voyant ce film de ne pas penser au récent « Le premier jour du reste de ta vie » ou au très beau « C.r.a.z.y ». Même mixture douce de tendresse, passion, frustrations, nostalgie familiale et regard troublé de l’enfance (pas si épargnée que cela).
Gamblin, inventeur fou de « la quatrième pédale du piano » et du toupet pour fixer les perruques, étriqué dans ses costumes papiers peint seventies, un regard d’enfant naïf dans un corps de vieux beau, est aussi touchant qu’Audrey Dana, épouse trompée, croqueuse de vie à la gaieté trop criante pour ne pas cacher un cœur ultra-fragile. C’est simple : on ne voit presque qu’elle, ici. Cette fille est juste GE-NI-ALE. A se tordre de rire ! Une grande fofolle exubérante qui va redonner des couleurs à ce monde terne, quitte à y perdre les siennes...
(1ére partie)