Grand prix du jury 2007 à Deauville, le film de Karen Moncrieff n'est pas un "polar" ordinaire. Bien sûr, cela commence par la découverte du cadavre d'une jeune femme au milieu d'un champ mais ne vous attendez pas à une enquête policière classique. L'enquête, c'est le spectateur qui la mène, à partir des indices fournis peu à peu par le scénario. Rassurez-vous, vous apprendrez assez vite qui est le coupable! Mais l'intérêt du film est ailleurs. Il réside dans le découpage en cinq "chapitres", centrés chacun sur un personnage féminin qui se trouve par hasard confronté à ce meurtre et dont le destin s'en trouve changé. "L'étrangère", Arden, timide, solitaire et malmenée par sa mère, découvre le corps et se retrouve ainsi propulsée sur le devant de la scène. Elle va rencontrer un homme avec lequel elle s'enfuit. "La soeur", Léah, participe à l'autopsie du cadavre et croit reconnaître sa soeur, disparue depuis quinze ans, dont l'absence étouffe sa propre vie. Elle décide de vivre enfin pour elle et répond aux sentiments de son collègue. "L'épouse", Ruth, ne supporte plus les absences répétées de son mari. Elle découvre par hasard des "pièces à conviction" qu'elle va faire disparaître, devenant ainsi la complice du meurtrier. "La mère", Melora, va apprendre sur sa fille, la victime, bien des choses qu'elle ignorait, en particulier l'existence de la petite Ashley dont elle veut désormais s'occuper. "La fille morte" enfin, Krista, est l'ultime pièce du puzzle qui livre la clé de l'énigme par le récit de ses derniers instants. Mais elle n'est pas la seule "dead girl" de l'histoire : les quatre autres femmes le sont aussi à des degrés divers. Trois d'entre elles se révoltent ou agissent, la quatrième s'enfonce volontairement dans son aliénation en se faisant la complice de celui qui l'écrase. Pas de fin "morale" donc, le coupable court toujours. Mais la trame policière a permis à la cinéaste de brosser cinq portraits touchants de femmes, avec tendresse et compassion.