"Borat" avait posé les limites du pamphlet, ou plutôt les avait repoussées grâce à l'audace extrême de Sacha Baron Cohen. Mettons-nous bien d'accord, "Borat", tout comme "Brüno", ne constitue en aucun cas une oeuvre d'art, mais utilise plutôt la salle de cinéma comme le moyen de transmettre des opinions, et de faire une proposition poussée aux spectateurs sur le Monde qui l'entoure. Ici, aucun cliché, puisque rien n'appartient à l'ordre des choses ; "Brüno", sous son aspect 'vrai' (auquel on ne croit plus trop, l'effet de surprise étant annihilé par la bombe "Borat"), qui en fait n'est que du toc, tend quand même un immense miroir à l'Amérique. Les situations, extrêmes, certes pour la plupart jouées et astucieusement filmées comme un reportage réel, apportent au final une glaciale énumération de la connerie humaine, que Baron Cohen pointe du doigt en s'y intégrant astucieusement. C'est avec des conneries que l'on dénonce la connerie! Plaidoyer pour l'humanité, "Brüno" cache pourtant des idées louches dans un second degré un peu trop facile : à force de jouer au trublion et à l'agitateur avec le politiquement correct, certaines séquences finissent pas être acceptées en tant que dérapage comique alors qu'elles cachent, en vérité, peut-être une autre approche. Comme dans "Borat", il est ici question de lancer un énorme 'Fuck!' à l'Amérique bien-pensante (et qui se révèle mal-pensante), tout en égratignant tous les sujets tabous qui se forment autour ; arabes, juifs, noirs, gays, christianisme, peoples, sexe. On finit par en rigoler, en se demandant aussi si tout cela est bien nécessaire. L'attaque, virulente, paraît facile ; toucher l'Amérique dans un final dingue (la scène de catch, qui fait froid dans le dos) alors que tout le reste du film se dirige ailleurs, dans une méchanceté dont on se demande souvent si elle n'est que le fruit d'une invention comique ou bien la perversion idéologique d'une Star qui a trouvé son fond de commerce au point d'en devenir partisan. S