De retour derrière la caméra huit ans après son adaptation cinématographique de la vie et de l'oeuvre du peintre américain Pollock, dans le film éponyme, le charismatique Ed Harris plonge cette fois dans le genre du western, presque inédit pour lui, où il incarne également le rôle principal.
En 1882, Virgil Cole, aussi réputé qu'intraitable, est nommé shérif dans la ville agitée d'Appaloosa, accompagné de son fidèle adjoint interprété par Viggo Mortensen. Leur objectif : ramener l'ordre et la paix face au fermier Randall Bragg (Jeremy Irons) et ses hommes. Mais l'arrivée d'une riche veuve et les défaillances du système politique et judiciaire vont sérieusement compliquer la tâche de deux amis complices et respectueux de la loi. Véritable éloge de l'amitié, Ed Harris adapte ici le roman du même nom de l'auteur Robert B. Parker (surtout connu pour ses enquêtes du détective Spenser). En effet, ce qui marque le plus dans cette oeuvre, et qui a également touché Ed Harris jusqu'à le pousser à réaliser ce film, c'est l'amitié profonde et sincère entre deux hommes : Virgil Cole et Everett Hitch. Fidèles aux mêmes valeurs, capables de se comprendre sans dire un mot, respectueux l'un de l'autre, leur étroite entente sera le garde-fou de tous les obstacles qu'ils devront affronter.
En plus de cette ode à l'amitié, Appaloosa (2008) présente un casting qui n'a rien à envier à des productions contemporaines : Ed Harris, Viggo Mortensen, Jeremy Irons et Renée Zellweger, alors au sommet de sa carrière. Toutefois, l'interprétation de cette dernière laisse à désirer, et son personnage censé être du bon côté est certainement l'un des plus détestables que j'ai pu voir depuis un certain temps. On peut ainsi aisément douter de ses bonnes intentions, de sa moralité et de son honnêteté lorsqu'on la voit embrasser le meilleur ami de son compagnon et profiter d'une baignade, corps nus, avec un meurtrier pourchassé par ce dernier. C'est même l'une des intrigues secondaires du film car les deux héros masculins s'interrogent plusieurs fois à ce sujet. Et d'ailleurs, à la fin, on constate que la partenaire d'Everett est bien plus souriante qu'Allie French, alors qu'elle ignore quand elle reverra son homme et qu'elle se retrouve seule quand la seconde est libérée du joug de Bragg et peut continuer à vivre à Appaloosa aux côtés de son compagnon. Et alors que l'imprévisible reste la note de fin du film, avec l'échange de regards entre Cole et French, je ne peux m'empêcher de ranger cette dernière du côté des mauvais, à l'image de la femme malhonnête et versatile qu'elle est. Pour le reste, la photographie et les décors me semblent trop sous-estimés. De la fidèle représentation des villes du Far-West à la beauté des falaises de grès, des rives du Rio Grande aux couchers de soleil sur Appaloosa et Rio Seco, Ed Harris nous présente des paysages et des décors splendides. Enfin, certains plans méritent également d'être soulignés (notamment lors de la scène du train), témoignant ainsi de techniques de réalisation apprises et appliquées par Ed Harris après son premier film, moins réussi que celui-ci. Et puis voir Ed Harris dans le rôle de cet homme du Far-West habillé en noir, plusieurs années avant sa participation à la série Westworld, avec un personnage à l'aspect similaire, est un petit régal.