Pour son deuxième passage derrière la caméra après Pollock, Ed Harris se penche sur le western, le vrai, celui à l'ancienne, celui des années 50. Accompagné d'une galerie d'acteurs et de techniciens aux petits oignons, l'acteur-réalisateur nous offre une virée dans l'Ouest du plus bel effet. À ses côtés, l'excellent Viggo Mortensen, toujours aussi ténébreux, la pétillante Renée Zellweger et le désormais discret Jeremy Irons dans la peau du bad guy de service. Derrière la caméra, il s'entoure du directeur de la photographie Dean Semler (Oscarisé pour Danse avec les Loups) et du compositeur Jeff Beal avec qui il a déjà collaboré sur son précédent film ; autant dire que Harris est bien entouré pour ce western réussi en tout point ou presque... Harris incarne donc Virgil Cole, un shérif juste et téméraire qui, accompagné de son fidèle ami Everett Hitch, va faire régner l'ordre dans la petite ville d'Appaloosa sujette au crime et à la décadence. Mais la rencontre avec une veuve très volage va tout bouleverser, surtout l'amitié alors indestructible entre Cole et Hitch... Le scénario sent bon le vieux western avec ses classiques codes et sa simplicité d'écriture. Pourtant, Harris va nous entrainer dans un film passionnant où, entre deux fusillades et une pointe d'humour bien placée, il va filmer la vie d'hommes, des vrais, des mecs qui en ont dans le pantalon et qui aiment le montrer, que ce soit pour impressionner la galerie ou pour conserver ses valeurs. Des hommes qui n'hésitent jamais et qui puent la virilité. Et Appaloosa transpire ce côté macho si bien présenté pour ne pas tomber ni dans la vulgarité ni dans le ridicule. Peut-être un poil trop propre (ou pas assez sale, au choix), le long-métrage manque aussi de répliques badass, de passages vraiment marquants, de ce petit quelque chose qui en fait un film culte. Tout de même réussi et mémorable pour qui aime le genre, Appaloosa s'inscrit dans la lignée directe des récents westerns apparus depuis les années 2000 (Open Range, 3h10 pour Yuma, la série Deadwood...). Et si Ed Harris n'a pas encore la fibre nécessaire pour nous livrer un film au panthéon des westerns, il parvient néanmoins à nous livrer un vrai bon film de cow-boys bien plus sombre et sentimentaliste qu'il n'y parait.