Appaloosa, deuxième réalisation du célèbre Ed Harris, marque son incursion au sein du domaine particulier et renommé du western, bien que loin de son apogée voici quelques décennies. A l’instar de 3h10 pour Yuma, sorti la même année (2008), Appaloosa était l’occasion de renouer avec le genre des personnages emblématiques, maniant le colt et parcourant les paysages si singuliers de l’Ouest Américain. Pour ce faire, le film arbore un duo principal des plus prometteur, avec Ed Harris et l’excellent Viggo Mortensen (retrouvaille après A History of Violence de Cronenberg donc) ; et si les deux interprètes possèdent au premier abord un charisme certain, on constate avec plaisir que leurs rôles respectifs ne font qu’ajouter à cette prestance ambiante. Virgin Cole et Everett Hitch sont en effet deux garants de la loi implacables, dont les services vont être sollicités par les habitants d’Appaloosa, alors sous le joug du bandit Randall Bragg, campé par le non moins superbe Jeremy Irons ; concernant ce dernier on note qu’il constitue un adversaire en soit atypique pour les deux compères, Bragg ne se contentant pas seulement du statut de méchant porté sur la gâchette, car outre son intelligence avérée ce sont ses origines, dans un premier temps obscures, qui joueront un rôle prédominant dans le déroulement d’Appaloosa. En ce sens on tient par ailleurs une intrigue non linéaire, couplé à une réalisation des plus soignée, bien que cela entraine un manque de rythme significatif … pourtant l’ensemble magnifiquement maitrisé de bout en bout, avec d’autant plus des décors et paysages brillamment mis en avant, rendent le tout on ne peut plus digeste, pour ne pas dire prenant. De ce fait l’attention du spectateur est malgré tout continuellement renouvelée, et les diverses interprétations, notamment et surtout principales, ne manquent pas d’y contribuer sans difficultés aucune ; Cole et Hitch, pour en revenir à eux, sont pour leur part des protagonistes occultant les clichés du genre, révélant chacun des personnalité propres et complexes, faisant converger défauts comme qualités. Néanmoins le propos est plus nuancé concernant Renée Zellweger et son rôle d’Allison French, celle-ci ne constituant pas forcément le pan le plus tangible de l’intrigue, bien que les implications et conséquences découlant de ce personnage se justifient au bout du compte (grâce aux liens entretenus avec Virgin et Everett). Enfin on peut terminer avec le réalisme criant des duels parsemés avec parcimonie au sein d’Appaloosa, ceux-ci de par leur rapidité et beauté visuelle ne faisant qu’ajouter au souci d’authenticité, parfaitement relevé par le cinéaste Ed Harris. En conclusion on tient ici un western digne de ses ainés d’antan, qui au gré d’une histoire faisant fi de toutes grandiloquences met en scène des personnages très justement composés, le tout sous couvert de dialogues et affrontements armés des plus mémorables … et ce n’est pas la brillante conclusion qui nous contredira.