Sam Raimi est un metteur en scène génial, dont le parcours est un quasi sans faute. Dès son premier film, Evil Dead, il démontrait qu'il avait le sens du mouvement de caméra dans le sang, ainsi qu'un véritable talent à réaliser des films. Cependant, ses premiers films jouaient sur une note de pur divertissement, attention cela ne signifie pas qu'ils soient dénués de profondeur et de complexité bien au contraire, c'était également des prouesses formelles à couper le souffle ! Après l'échec de Mort ou Vif, tentative de renouveau du western boudé par le public au profit du classicisme d'Impitoyable (un film chef d’œuvre de jubilatoire à découvrir absolument!), il va se consacrer à la création d'Un plan simple, auquel on peut assigner l'étiquette de « film de la maturité », ce qui ne veut pas dire grand chose en soi, surtout si l'on envisage d'un certain œil l'ensemble de la carrière de Sam Raimi. Il affirme dans une interview que cette fois il s'est concentré à fond sur ce qui déroulait dans le cadre de la caméra et non sur ce fameux cadre d'ordinaire si virevoltant. Il signe là son œuvre la plus sublime, la plus émouvante, un vrai poème cinématographique. Ces instants fragiles et délicats, on les doit tout autant aux interprètes, de Bill Paxton qui rêvait d'incarner Hanks en raison de son passé similaire, à Billy Bob Thorton, dont le personnage semble tout droit sorti de l'univers de Tim Burton, à l'image de ses créatures monstrueuses et rejetées, si nuancées. D'ailleurs, la présence de neige, la beauté des images mêlée de noirceur, les scènes si chargée émotionnellement que notre cœur se craquelle, tout cela m'évoque le fabuleux Edward aux mains d'argent, le plus beau film de Burton. Du moment où le film est en route, les larmes ne font que cheminer vers la pupille, avec lenteur, mais inéluctablement. Le temps semble suspendu pendant la durée du visionnage, la douceur des enchaînement ressemble à un frémissement, un souffle de la nature endormie par l'hiver. La musique s'abstient d'intervenir, pour une expérience sensiblement proche de la réalité, mais la réalité passée au travers d'un prisme émotionnel, sensitif, qui se marque à la fois dans les figures, l'attitude, les dialogues entre les personnages, grâce à ce rythme lent et cette mélancolie magnifique. Peu de film ont réussit à pénétrer si loin dans ma sensibilité. On s'en souvient éternellement et on les garde toujours à portée de main, près du cœur. Une œuvre délicate, immense, frissonnante.