"Un Plan Simple " est un polar tout a fait honorable, savoureux et prenant de bout en bout. Sam Raimi confirme ici un talent grandissant et une habilité hors pair vis à vis de tous les genres cinématographiques, que ce soit l'épouvante horreur (la saga Evil Dead) ou encore les films fantastiques et superproductions américaines (la trilogie des Spider-Man entre autre). Ce metteur en scène pour le moins éclectique visite ici les méandres du polar américain à travers une histoire pour la moins...compliquée! Pourtant au départ les choses étaient limpides: Hank, son frère Jacob et son ami Lou se retrouvent nez à nez avec une véritable fortune planqué dans un sac, perdu dans les entrailles d'une carcasse d'avion ensevelie par la neige (j'espère que vous vous y retrouvez!) . Et bien entendu, nos trois compères commettent ici leur première bourde (après mure réflexion et hésitation de la part de Hank): emporter cette fortune avec eux dans l'incognito le plus total, se faire discret pendant un bon bout de temps histoire que les choses se tassent bien et, ensuite, lorsque tout soupçon se sera envolé, se partager cette coquette cagnotte en trois partie. Jusque là ... "Un Plan Simple" me direz vous. Mais c'est après que tout se bouscule. Dans une pression allant crescendo jusqu'au final du film, une série de complications de plus en plus sévères s'écrasent sur nos trois complices, au fur et à mesure que cette affaire s'étoffe et que certains détails compromettants se révèlent au grand jour (à propos du crash et de l'argent en question, etc etc...). Libre à vous de découvrir cette dramatique tournure des évènements avec autant de passion que je l'ai moi même vécu. Car oui, "Un Plan Simple" se révèle comme diablement entrainant, à la fois angoissant mais aussi extrêmement poignant. Poignant du fait de ses personnages à la personnalité complexe et souvent travaillée, tel que Jacob, frère "looser, mélancolique et presque simplet" de Hank. Lou aussi, chômeur ivrogne et pas très fin. Si c'est surtout Jacob qui entretient en grande partie la froide tristesse englobant cette histoire, les réactions et la métamorphose de Hank est aussi renversante. Ce film nous fait cogiter sur la notion de survie, de l'instinct de tuer, de se défendre à travers Hank, sympathique civil qui va vite révéler de nouveaux comportements plus... abruptes dirons nous. "Un Plan simple" c'est aussi la critique de la soif du gain à tout prix, au prix même du sacrifice et de la mort. Bref, si ce film véhicule en lui plus d'idées qu'il n'y parait, et si son scénario est brillamment agencé et cousu, il possède d'autres qualités. Au niveau des acteurs, c'est la grande classe: Bill Paxton est génial, au même titre que Billy Bob Thornton, très naturel et communicatif. Bridget Fonda, Brent Briscoe et les autres seconds rôles s'avèrent de fort bonne facture eux aussi. "Un Plan simple" propose aussi une mise en scène alléchante, liée à un aspect visuel travaillé, que ce soit au niveau de la photographie ou des paysages neigeux d'hiver. De suroit, on retrouve côté BO un certain Danny Elfman, impressionnant, à qui l'on doit entre autre la totalité des musiques des œuvres de Tim Burton. Ajoutez à cela des dialogues ingénieux, une pointe d'humour et un rythme maitrisé et de plus en plus nerveux et vous obtiendrez une belle esquisse de ce "Plan Simple". Du très bon polar, peut-être le meilleur de cette année 1998. On aimerait pas être à leur place, mais fichtre que c'est bien foutu tout ça! A voir et à revoir avec autant d'attention, de compassion et de plaisir.