L’histoire (d’après un scénario de Yasujirō Ozu qu’il n’a pu tourner) se déroule à Nara, près de Kyoto, dans la famille Asai (qui a quitté Tokyo en 1943) et dont le père, veuf, a 3 filles célibataires, Ayako, Setsuko et Chizuru. Le film a un côté théâtral avec beaucoup de scènes dialoguées en intérieur et dont l’ambiance rappelle un peu la pièce « Les trois sœurs » (1901) d’Anton Tchekhov (1860-1904). Le thème principal est le sort des femmes japonaises qui doivent se marier et qui taisent leurs sentiments (comme les hommes d’ailleurs), quitte à passer à côté du bonheur. La première partie, consacrée à Ayako et Amemiya, ingénieur d’Osaka, est un peu longue, à la limite de la mièvrerie.
Seule leur mode de communication, par télégramme chiffré (3755 et 666, se référant aux numéros des poèmes de Sakanoue no Korenori, l’un des 36 grands poètes japonais), ajoute un peu de piment.
La deuxième, se déroulant dans le mois qui suit, la complète, avec les relations entre Setsuko, la benjamine (21 ans), pétillante et rêvant de vivre à Tokyo, et Shōji, au chômage et d’une grande abnégation, et qui ont participé (en se projetant inconsciemment) dans le rapprochement d’Ayako et Amemiya ; quant à la troisième partie, elle évoque brièvement le destin de l’ainée Chizuru, récemment veuve. Bénéficiant d’une belle photographie en noir et blanc, le film constitue aussi un documentaire sur le Japon des années 1950’, à la fois moderne (train, téléphone, recours aux micro-ondes pour les communications) et traditionnel (cérémonie du deuil, femmes en kimonos à l’intérieur, marchant pieds nus et mangeant accroupies, recours aux domestiques).