Brillant de bout en bout, The Hurt Locker permit à Kathryn Bigelow d'obtenir un oscar très amplement mérité. Car avec son nouveau film, elle prouve une fois de plus sa maîtrise de l'action et du suspens dans des séquences particulièrement réussis autant sur le plan de la tension que sur un plan technique. Il faut d’ailleurs avouer que ce dernier point est de loin l'une des plus grandes qualités de la réalisatrice. En effet, elle nous gratifie d'une mise en scène très urbaine sans jamais nous faire sortir du film, ce qui est pourtant le plus gros défaut de ce type de réalisation. Au contraire, Kathryn Bigelow s'en sert ici pour rendre son film plus immersif, renforcé par un montage de qualité qui alterne vue panoramique éloignée et gros plan. Cette double focalisation apporte au film une tension rare, les gros plans accentuant chaque lent mouvement tandis que les plans généraux nous font présager l'explosion imminente. Et force est de constater que ce procédé est d'une efficacité diabolique pour ne nous laisser aucun répit durant ces scènes. Mais le vrai tour de force à propos des scènes de déminage reste la diversité de ces dernières. Car si l'on aurait pu craindre une certaine redondance ou prévisibilité sur la longueur, il n'en est rien. Chaque scène est pensée de manière différente et apporte son lot de surprise, contraignant les personnages à s'adapter à chaque situation pour notre plus grand plaisir. La grosse qualité de la mise en scène est aussi son réalisme froid, offrant aux scènes une intensité toujours plus impressionnante et donnant un rythme infernal au film.
Pour autant, The Hurt Locker n'est pas qu'une succession d'opérations de déminage mais bien un film reposant sur un scénario et faisant évoluer ses personnages en dehors de ces dernières. Kathryn Bigelow se concentre donc aussi sur le cadre dans lequel ses personnages évoluent, à savoir un contexte tendu à Bagdad où les américains ne sont pas les bienvenues. Sans jamais prendre réellement parti, Kathryn Bigelow retranscrit cet atmosphère électrique avec beaucoup de précision et de réalisme. Elle y installe ainsi ces trois protagonistes pour montrer les conséquences de cette tension permanente dans laquelle ils vivent. On suit donc le Sergent JT Sanborn, magnifique et effrayant Anthony Mackie, et son coéquipier Owen Eldridge, jeune talent qu'est Brian Geraghty, qui font la connaissance du très spécial Sergent William James, brillant Jeremy Renrer dans un rôle fort, remplaçant leur ancien sergent nouvellement décédé
Guy Pearce très loin de ses meilleurs performances
. Ces hommes apprennent ainsi à se connaitre, le Sergent James étant mal perçu par ses deux nouveaux coéqupiers encore sous le choc de leur sergent. Si ces deux personnages jouissent d'un psyché très approfondi, ils ne sont pour autant pas au centre de ce film, occupé par Jeremy Rener. Car, en même temps que ses collègues, on apprends à le découvrir, lui et son caractère, ce qui le rend d'autant plus attachant.
Avec 6 oscars au compteur, The hurt locker prouve que c'est un film abouti, autant dans sa mise en scène que dans le traitement de ses personnages, mettant enfin en lumière le grand talent de Kathryn Bigelow.