Démineurs, c'est l'histoire d'une équipe de démineurs(très perspicace je sais ) plongés au cœur du conflit irakien à Bagdad. Ce film donne-t-il un second souffle au genre ? La réponse dans quelques lignes.
Dès le début la couleur est annoncée. Une scène de déminage magnifiquement orchestrée nous propulse dans une ambiance lourde, pesante et révèle l'état d'esprit du film. En effet la particularité que l'on retrouvera tout au long du film est bien le danger omniprésent, à chaque coin de rue, chaque civil constitue une menace potentielle. Le quotidien des soldats est ainsi très bien retranscrit, pour un résultat plus vrai que nature. Le scénario met en scène l'arrivée d'un nouveau sergent dans un groupe de démineurs, après la mort de l'ancien sergent. L'histoire se focalise donc sur trois hommes, dont les caractères et sentiments sont bien mis en avant, que ce soit dans des cènes durant lesquelles ils sont seuls, ou pendant leur travail de groupe. Les dialogues sont par ailleurs percutants et bien écrits (lorsqu'il y en a ) et retiennent toute notre attention.
Si dans l'ensemble, les acteurs ne sont pas mauvais du tout, ils n'arrivent pourtant pas à la cheville d'un Jeremy Renner au sommet de sa puissance. En effet c'est bien lui, LE personnage du film. Admirable quant il s'agit de renvoyer quelque chose au spectateur, et extraordinaire lors des séquences de déminage. Que ce soit dans ses répliques crues où dans son comportement rebelle, il impressionne à tous les niveaux et semble ne faire qu'un avec le personnage. Et malgré toutes ses différences, c'est autour de lui que l'on manifeste le plus grand intérêt. La force dégagée par son regard et la puissance émanant de son jeu en font un des points forts de ce long métrage. Il est de ce fait un des principaux vecteurs d'intensité.
L'intensité..., il serait criminel de ne pas en parler alors que c'est ce qui dirige le film. Au cas où vous ne l'auriez toujours pas compris, laissez moi vous dire que ce film est si intense qu'il vous scotche au fauteuil, vous écrase la poitrine, vous coupe le souffle et vous oblige à garder les yeux ouverts pendant deux heures et dix minutes. En plus de nous placer dans des situations pour le moins angoissantes, Kathryn Bigelow filme celles-ci d'une manière tellement efficace que tout ce que l'on peut faire c'est se laisser envahir par la puissance et l'adrénaline que procurent certains moments. Les plans choisis sont par ailleurs très judicieux, et les événements inattendus, qui font le sel, voire le piment du film sont encore plus puissants. Ainsi tout s'assemble merveilleusement, et l'on vit des moments épiques, d'une intensité et d'une direction cinématographique rarement égalées. Une intensité réaliste qui permet par ailleurs d'éviter les clichés et de supprimer un patriotisme qui aurait fait tache comparé au niveau de réalisation.
Ce film est donc une référence en matière de film de guerre, mais aussi pour ce qui est de l'intensité cinématographique. Servi par un Jeremy Renner inoubliable et une réalisation de haute volée, il s'avère être une claque instantanée, l'évocation brutale d'un combat impitoyable et sans issues. Chapeau Kathryn Bigelow !