La guerre d’Irak est encore fraîche dans tous les esprits quand Kathryn Bigelow présente sa vision des choses en 2009. Il faut croire que le public était prêt puisque le film a été acclamé par la critique, avec la volée d’Oscar qui va avec. « Démineurs » adopte un point de vue assez original, celui de suivre uniquement un petit groupe de soldats au gré de plusieurs missions de désarmement de bombes. Je n’ai pas vraiment adhéré à la mise en scène de Kathryn Bigelow. Celle-ci mise totalement sur le réalisme, que ce soit au niveau des décors, des dialogues, des musiques discrètes ou de la façon de filmer. On se rapproche plus d’un documentaire que d’une fiction tant l’accent est mis sur la crédibilité générale. Le problème est que la caméra opère des mouvements vifs, accompagnés de trop nombreux zooms avant et zooms arrière. Bien que permettant une immersion intense, ce procédé devient souvent gênant et maladroit tellement il est présent. Malgré tout, le film laisse une forte impression. La première scène est impressionnante, portée par le charisme indéniable de Guy Pierce, qui est malheureusement trop peu présent à l’écran. Elle suffit à elle seule à faire comprendre les enjeux et la tension présents à chaque intervention des démineurs. L’explosion de la première bombe est remarquablement filmée. La tension est présente durant la totalité de « Démineurs ». En effet, les soldats se trouvent dans des situations où chaque instant peut être le dernier. Pour eux, mission après mission, les jours défilent sans jamais pouvoir se permettre d’avoir la certitude qu’ils reverront un jour leurs familles. Traiter la guerre n’est pas aisé, surtout lorsqu’elle est si fraîche dans l’esprit des américains et de la communauté mondiale. Kathryn Bigelow réussit l’exploit de toucher n’importe qui, et pas seulement les habitants de son pays. Il n’y a en effet aucun patriotisme dans les propos. Simplement des militaires arrogants qui font leur travail avec plus ou moins de plaisir dans un pays en crise. La citation de Chris Hedges ouvrant le film trouve toute sa valeur grâce à l’étonnant final proposé. Une conclusion intelligente, dénuée de jugement, un simple constat des ravages de la guerre sur l’esprit des hommes, comment elle modifie inexorablement leur être. La façon dont les personnages sont dessinés est tout aussi intelligente. Ils sont humains tout simplement. Ils ne sont pas parfaits, ont leurs forces et leurs faiblesses. Si le sergent Sanborn (Anthony Mackie, excellent) représente le soldat idéal, le sergent James et Eldridge représentent deux autres facettes du soldat américain. L’un est talentueux et arrogant, brisé par la guerre et ne vivant déjà plus que pour elle, l’autre est craintif et pleurnichard. Difficile de les juger quand on n’a aucune idée soi-même de comment on se comporterait à leur place. Le casting est sympathique. Voir Ralph Fiennes en charmant soldat perdu dans le désert a réveillé mon intérêt, je l’avoue. Je l’ai déjà dit et expliqué dans ma critique des « Lettres d’Iwo Jima », mais les films de guerre ne me passionnent pas. C’est pourquoi, malgré ses qualités, « Démineurs » reste un film à voir une fois seulement. On en apprécie les acteurs et l’intelligence du propos, tout en regrettant une mise en scène mouvementée et la légèreté de l’intrigue.