Passant pour être LE bon film de Luc Besson, « Le Cinquième Elément » est aussi affligeant par sa bêtise que par son idéologie. Passons lui son histoire imbécile et auto-satisfaite, on peut tout de même dire que le film reprend jusque dans ses moindres détails les ficelles des maîtres de la Science-fiction, qu’il copie avec facilité et sans originalité.
Il est difficile de dire si le film est plus un « Star Wars » du pauvre ou un « Brazil » de l’ahuris, mais au delà du débat visant à savoir quelle œuvre culte a été traînée dans la boue par Luc Besson, il reste un film lourd et vulgaire. Vulgaire, non dans ses dialogues, qui sont bien trop faibles pour choquer, mais dans son idéologie beauf sous-jacente. En effet, pour une fois, le rôle de sauveur-du-monde est attribué à une femme, Milla Jovovich, et on pourrait presque voir là un geste pro-féministe. Mais pourtant, cette femme ne pourra empêcher la destruction de notre chère planète bleue qu’après avoir découvert l’amour, notion évidemment dépassée dans ce futur blasé, dans les bras de Bruce Willis, qui devait avoir besoin d’argent cette année.
Donc non contant de passer un message sidérant de machisme moyenâgeux, « Le Cinquième Elément » se targue d’être l’apparat d’un féminisme triomphal selon lequel les femmes sont supérieurement fortes et intelligentes ; le film lui-même allant dans le sens inverse. Au milieu de tout cela, Maïwenn trône pathétiquement enrobée de cellophane bleue, entourée d’une ribambelle de figurants qui, comme elle, n’avaient rien à faire là.
Quant aux fans récalcitrants qui, enfin, oseront peut-être mettre en avant un maigre second degré présent dans le film, il suffit de répondre que l’on peut amener une satyre sociale sans passer par ce Niagara de pseudo-gags creux et de scènes d’actions lamentables ; ce qui raye automatiquement tout intellectualisme, ou même réflexion, que l’on pourrait croire cachés dans ce film.
Somme toute, cela nous laisse un film qui aurait dû être laissé au rang des navets anodins auxquels il s’apparente ; mais qui, par on ne sait quel aveuglement général, est devenu un de ce ces films cultes minables que l’on aura honte de voir représenter une génération de cinéastes et de cinéphiles à laquelle on appartient...