Luc Besson est le réalisateur que je considère comme le M. Night Shyamalan français. Non pas pour son cinéma qui est totalement différent du style du metteur en scène de « Sixième Sens », mais plutôt pour la qualité et la réception de ses films au fur et à mesure du temps. En effet, tout comme Shyamalan avec « Sixième Sens », « Incassable » et « Signes », Luc Besson a démarré sa carrière très fort avec « Le Grand Bleu », puis a confirmé son talent avec des long-métrages tels que « Léon » ou « Nikita ». Malheureusement, à partir d’ « Arthur et la Vengeance de Malthazard » -qu’on peut considérer comme le « Village » de Shyamalan, ses films ont perdu en qualité et aujourd’hui, qui dit Luc Besson dit mauvais film.
Heureusement, « Le Cinquième Élément » fait partie de sa « période de gloire » et s’impose comme un des meilleurs films d’action français de tous les temps ! Pourtant, ce projet était casse-gueule puisqu’il a coûté excessivement cher pour un film français (75 millions d’€), et que malgré des acteurs qui sont en majorité américains, Luc Besson a fait en sorte que le film soit entièrement français que ce soit concernant les producteurs, la maison d’effets spéciaux, le chef opérateur, le costumier, le compositeur… Mais grâce à un scénario, un jeu d’acteurs, et un savoir-faire de mise en scène évident, le film a très bien marché mondialement et est longtemps resté, avant « Intouchables », le film français le plus rentable de tous les temps. Et il le mérite ! C’est simple, je ne vois aucun vrai défaut dans ce film !
Tout d’abord, chose qui m’a surprise étant donné qu’on a souvent reproché à Besson d’avoir pompé son ambiance sur celle de « Blade Runner », l’univers du film est joyeux. Évidemment, film de science-fiction oblige, le film garde quand même un aspect pessimiste sur le futur (
le sol de la ville de New York tellement pollué qu’on a dû construire des immeubles plus haut et utiliser des voitures volantes, ou encore l’immense firme multinationale Zorg qui contrôle le monde et n’a que faire de la vie de ses employés
), mais ce n’est pas le centre du film et Luc Besson n’essaye pas de faire passer un message écologique ou marxiste. Il fait évidemment passer une morale assez simpliste («
les hommes ont commis des actes horribles mais il y a quand même de bonnes choses en eux telles que l’amour qu’il ne faut pas oublier
») mais elle fait mouche et est assez optimiste. Car le film est quand même en majorité assez optimiste et joyeux, et contient énormément d’humour. Et putain que c’est bon, un film de S-F comme ça ! Il n’y a pas une seule blague du film qui ne m’a pas fait au moins sourire, et j’étais mort de rire à de nombreuses reprises (
les militaires qui se font congeler dans le frigo de Korben Dallas,
ou les apparitions hilarantes de Ruby Rhod !). Du début à la fin du film, les moments délirants vont s’enchaîner à un rythme endiablé sans ne jamais en faire trop ! L’humour est d’autant plus percutant que les personnages du « Cinquième Élément » sont juste excellents ! Bruce Willis assure, comme toujours, dans son rôle de gros bras avec beaucoup d’humour et arrive même à faire passer des émotions lors des moments plus dramatiques. Certains ont reproché à Luc Besson de ne pas avoir fait appel à Patrick Poivey, le doubleur habituel de Bruce Willis, pour « Le Cinquième Élément » mais personnellement, je n’ai jamais été perturbé par ce changement puisque le nouveau doubleur, Bernard Métraux, s’en sort à merveille dans ce rôle, et a une intonation assez proche de celle de Poivey. Les nombreux seconds rôles s’en sortent à merveille, allant d’un Ian Holm excellent dans son rôle de prêtre légèrement peureux, à un Gary Oldman qui a ici, le rôle le plus atypique de sa carrière ! Sérieusement, son look et son personnage sont tellement différents de ses rôles habituels que je ne me suis rendu compte qu’au lancement du générique de fin qu’il jouait le rôle de Zorg ! Encore une fois, cet éternel acteur de second rôle montre qu’il peut jouer n’importe quel rôle avec toujours autant de talent ! Pourtant, celui dont tout le monde se souviendra, c’est bien évidemment Chris Tucker ! J’ai eu très peur, lors de sa première apparition, que son personnage de commentateur extraverti et efféminé ne s’essouffle dans le reste du film et devienne une sorte de Jar Jar Binks humain. Cette idée est vite sortie de mon esprit tellement je me marrais à chacune de ses apparitions ! Que ce soit lors de la scène à l’Opéra ou la scène finale, Tucker sait parfaitement doser son jeu d’acteur pour ne pas être agaçant ! Mais ce ne sont ni Bruce Willis ni ces seconds rôles qui retiennent l’attention mais bel et bien une toute nouvelle (à l’époque) actrice de 22 ans : Milla Jovovich ! Dans le rôle de Leeloo, elle a deux atouts. Premièrement, elle est ultra-attachante et ultra-charismatique par le fait qu’elle joue évidemment très bien, qu’elle est l’élément-clé du film (le cinquième pour être précis !) -bien qu’elle ne soit pas vraiment le McGuffin de l’histoire (ce sont les
pierres
), et qu’en plus, la personnalité et l’apparence de son personnage sont vraiment originales ! On est à la fois impressionné par ses capacités physiques, fasciné par sa perfection et son importance, amusé par son caractère curieux, puéril et également sérieux du fait qu’elle est parfaitement consciente des enjeux qu’elle représente, et pris de pitié pour elle aux moments où elle se questionne sur elle-même (elle n’est pas aussi invincible qu’elle ne le pensait, elle croit moins à l’utilité de sauver la Terre…). Mais ces quatre éléments ne font que compléter un cinquième bien plus important (haha !) qui est – désolé si je passe pour un pervers, son physique ! Je n’ai jamais autant fantasmé sur une actrice depuis ce film !! Pourtant, c’était pas gagné d’avance car des roux (ou rousses) carotte, c’est plus ridicule qu’attirant (je ne suis pas discriminant puisque je n’ai jamais vu des cheveux aussi roux que ceux de Leeloo) ! Mais Milla Jovovich, qui doit jouer un être parfait, a juste un physique… de rêve ! (le jeu de mots aurait été trop facile.) C’est fou comment j’ai bandé sur elle à chacune de ses apparitions et répliques et comment j’ai ragé sur Luc Besson à chaque fois qu’il cachait son corps nu (car elle est à poil plein de fois dans le film !) ! Sérieusement, ce film est à voir et à revoir rien que pour elle !
Parlons à présent d’un point de vue plus technique. Pour un film français, « Le Cinquième Élément » est au-dessus de tout ce qu’on avait vu auparavant en matière d’effets spéciaux ! Mais il faut être honnête, il n’est qu’un tout petit peu au-dessus de la moyenne face à la concurrence américaine et ses effets spéciaux sont du même niveau que « Star Wars VI : Le Retour du Jedi », sorti 14 ans plus tôt !! Quand on sait que la même année est sorti « Jurassic Park 2 : Le Monde Perdu », le film de Luc Besson fait vraiment pâle figure. Malgré tout, le long-métrage se rattrape sur un visuel unique et plutôt beau ! La photographie et les décors sont assez colorés et contribuent grandement à l’ambiance joyeuse installée tout au long du film. Les costumes, dessinés par le célèbre couturier Jean-Paul Gaultier, sont tout aussi colorés et sont assez convaincants dans l’ensemble – bien que je n’ai pas cru une seule seconde aux Mangalores. J’ai même l’impression que les frères Wachowski (à l’époque où ils étaient encore frères) ont plagié les costumes des ministres terriens pour habiller le conseil de Zion. Les plans cadrés par Besson sont assez impressionnants (la ville de New York notamment), et la mise en scène est astucieuse et pleine d’idées (la scène d’introduction avec le culte « Aziz ! Lumière !! », la scène à l’opéra, ou encore
l’activation des éléments
lors de la scène finale) et le montage l’est tout autant. Besson a amplement mérité son César du meilleur réalisateur ! Comme M. Night Shyamalan avec James Newton Howard, Sergio Leone avec Ennio Morricone, et Steven Spielberg avec John Williams, Luc Besson a de nouveau engagé Éric Serra pour écrire la musique de son film. Et encore une fois, elle fonctionne beaucoup ! Il n’y a pas de thème principal mais beaucoup de percussions originales mêlées à des musiques de synthétiseur et parfois à des instruments plus classiques qui collent parfaitement à l’ambiance du film ! Certains morceaux tels que « Protect Life » ou « Little Light of Love » m’ont marqué.
En conclusion, comme dirait Steven Spielberg, « Le Cinquième Élément » est un parfait « film pop corn avec un message au fond du seau ». C’est vraiment un long-métrage qui te dessine un sourire aux lèvres quand déroule le générique de fin et qui te met de bonne humeur pour plusieurs jours. Jeu d’acteurs parfait, réalisation parfaite, scénario parfait, le film de Luc Besson fait honneur au cinéma français et c’est bien dommage que d’autres réalisateurs frenchies ne sont pas inspirés de sa réussite ! Un film que tout français doit voir obligatoirement !