Le plus américain des réalisateurs français, j’ai nommé Luc Besson, s’illustrait en 1997 avec un film de science-fiction peu anodin : Le Cinquième Élément. Il s’agit en effet d’une œuvre culte pour beaucoup, et que j’ai moi-même du visionner un paquet de fois durant mes jeunes années ; elle avait en effet de quoi plaire aisément, entre sa trame simpliste de lutte entre le bien et le mal, les décors futuristes, l’humour peu en reste et enfin de l’action à en revendre. Seulement voilà, j’ai bien grandi, et le long-métrage fêtera d’ici peu ses vingt ans d’existence : alors est-il aussi extraordinaire que supposé ? Oui et non. On ne peut pas dire que celui-ci ait en effet usurpé son statut de film populaire, tandis que son fond léger cumule bien des approximations… Il y a assurément la maigreur du scénario, presque parodique dans son propos d’ailleurs : l’antagoniste n’est ni plus ni moins le mal incarné, et qui sur la base d’éléments prophétiques sert de tremplin à bien des bizarreries, tel que l’extravagant Zorg en sa qualité de fidèle serviteur des ténèbres. Il subsiste dans une même veine bon nombre de situations cocasses, certaines oscillant même du côté obscur du ridicule, fort d’une pléiade de personnages secondaires improbables ; cette étrangeté tant propre au Cinquième Élément se trouve de plus grandement accentuée par les costumes tantôt réussis, tantôt risibles de Jean Paul Gaultier, aspect nuancé qui a au moins le mérite de conférer au film une originalité visuelle indéniable. La présence de l’équipe technique française est ainsi des plus palpables, tandis que les effets visuels ont tous pris un sacré coup de vieux, bien qu’honorables ; la BO est toutefois plus probante, elle est même une partie intégrante du succès du long-métrage, la performance d’Inva Mula en tête de file. Il y a également du bon côté protagonistes, à commencer par le badass Korben Dallas (Bruce Willis), la faussement candide Leeloo (je ne suis pourtant pas fan de Milla Jovovich de prime abord) et l’hilarant Ruby Rhod (interprété par un Chris Tucker survolté) : ce trio est alors à l’image du film, soit un mélange plutôt réussi fait de fusillades endiablées, une trame fantastique peu approfondie et enfin un degré comique pour ainsi dire revendiqué. Le Cinquième Élément est alors de ces œuvres particulières, non pas qu’il soit atypique bien au contraire, mais son ton mi sérieux mi burlesque est fait un divertissement haut en couleur, sans prise de tête et agrémenté de quelques trouvailles visuelles inventives. Luc Besson aura donc signé un film de science-fiction mémorable, mais pas pour autant irréprochable…