Luc Besson livre, en 1997, son film de science-fiction parmi les plus kitsch de cette fin de siècle. Le cinquième élément, fortement inspiré de bon nombre de références, dont les œuvres phares de Paul Verhoeven, la saga de la guerre des étoiles ou encore quelques projets indépendants ayant marqué le genre des années durant. Le cinéaste français, fort des succès consécutifs de Léon et Nikita, s’adjuge les services de vedettes américaines, telles Bruce Willis, Gary Oldman, pour une seconde fois, ou encore Ian Holm et Milla Jovovich. Ambitieux, libéré de toute contrainte artistique, le metteur en scène assume le ton bon enfant de son œuvre, film de SF orienté clairement vers le comédie, la parodie, ou il est assurément et évidemment question de sauver le monde, un monde plus vaste que le nôtre.
Si, à priori, le film peut apparaître comme étant brouillon, sensiblement risible, sous certains aspects créatifs, soulignons tout de même que le succès de Besson, avec cette production, est bel et bien son côté très assumé. En effet, le réalisateur s’affirme comme un grand enfant, jouant sur les couleurs criardes, les costumes et coupes hirsutes, ces premiers étant créés par le couturier Jean-Paul Gaultier, ou encore les décors improbables. Le tout au service d’un film qui s’inscrit clairement dans une sorte de remise à niveau d’une animation rétro-futuriste, d’un dessin-animé, en somme. Le contexte est lui aussi clairement basique, là où le mal absolu, tel qu’il est décrit, menace l’extinction de l’univers. Il faut donc un héros cynique et tragi-comique, un être supérieur vulnérable, une bande de bras cassé, dont un drôle de Chris Tucker, pour sauver l’univers. A vos marques. Partez! Ou pas.
Oui, le cinquième élément ne plaira pas aux puristes d’une Science-fiction murement réfléchie, aux aficionados de la contemplation et de la réflexion. Tout ici est voué à accomplir une œuvre de divertissement malingre, un produit de consommation qui redonne le sourire, un peu comme l’antidote à notre époque, des antidépresseurs. Sous ses aspects de plaisanterie filmique maladroite, se cache pourtant un film efficace, une sorte de bouffonnerie assumée qui distrait, qui fait rire d’avantage qu’elle ne fait réfléchir. N’est-ce pas là la recette ultime de tout Blockbuster qui se respecte, que l’on aime ou pas? Bon, pour autant, il faut appréhender un tel film avec un esprit critique n’étant pas trop acide, histoire de ne pas tomber dans les travers d’une litanie de défauts à noter, d’une multitude de remarques à formuler à l’encontre d’effets visuels maintenant vieillissants, de dégaines ringardes et de dialogues basiques à souhait.
Voilà donc un film estimé comme étant culte par certains, médiocre pour d’autres. Un drôle de film, en somme. Une production onéreuse et un brin laborieuse qui rapporta pourtant à Luc Besson gloire et fortune. Conscient d’une possible mise en abime d’un tel film dans un avenir proche, celui-ci commence déjà à prendre un sérieux coup de vieux, il est encore temps, pour les curieux ou les nostalgiques, de se pencher sur le cinquième élément, histoire de passer deux petites heures sympathique au coin d’un poste de télévision. 13/20