Le Cinquième Élément (1997
Korben Dallas, un ancien commando reconverti en conducteur de Taxi à New York, croise le chemin de Leeloo. Ils s’allieront et devront chercher quatre pierres mystiques afin de sauver la planète Terre.
L’histoire est celle d’un petit groupe s’unissant afin de vaincre une menace suprême, au pouvoir universel et inébranlable. Elle nous est présentée sous l’aspect d’une grande odyssée, avec ses différents éléments d’intrigue construit sur un bon rythme et des enchainements naturels, tandis que la menace grandissante se construit progressivement. Les informations sont révélées de manière équilibrée et les pouvoirs et forces en présences sont donnés clairement, ce qui nous permet d’avoir une lecture aisée et de s’investir rapidement et facilement dans l’aventure.
L’aventure est, elle, grande, et pourtant le sentiment et le périple ont tout d’une intrigue plus intime et plus personnelle. On pourrait le voir à la façon d’un conte ou d’une légende, où l’on pourrait assimiler l’aventure de Korben à une forme de combat entre le chevalier et le démon, où il devra se dépasser à la façon d’un héros germanique et triompher du mal, mais les thèmes ne se limitent pas à cela et explorent également des sujets tels que l’amour comme arme universelle. Il en profite au passage pour faire une petite critiques au consumérisme (McDonald), à l’automatisation ou la perte d’humanité dans le travail (le bureau de Zorg), sur la pollution (dans la station et les bas-fonds de la ville), et sur le fonctionnalisme (les classes), ou encore la position et l’identité des personnages. Korben tranche par son image de héros bourré à la testostérone, tranchant en comparaison aux autres membres de l’armée incompétent, ou à Ruby Rob et les stars et à leur comportement plus flamboyant.
Le monde construit est un mix d’influence du mouvement futuriste et d’ajouts métalliques, avec quelques références évidentes à Blade Runner et à Métal Hurlant. Le résultat est cependant encore plus pop et rappel par moment certains dessins d’Enki Bilal.
La direction artistique quant à elle est fournie par Moebius, qui nous procure une création magistrale et parfois enchanteresse des environnements de la ville, du désert ou encore des vaisseaux spatiaux. Les créatures ne sont pas en reste et sont bigarrées et diversifiées.
Effet spéciaux sont décent, mixant effet numérique et maquettes de qualité. Ce qui par leur faible présence permet, heureusement, au film de vieillir relativement bien. Le choix artistique de fournir quantité de couleur aux décors ajoute un côté chaleureux et agréables à l’image, permettant de s’imprégner avec plaisir de l’ambiance.
Certaines musiques sont électro-pop, d’autres sont plutôt hip-hop avec des mélodies, parfois des basses tirant vers la soul, un peu dans le genre de l’accompagnement des musiques de Michael Jackson, ou bien parfois tout en incorporant des aspects et des sonorités exotiques. J’ai trouvé que certaines musiques semblaient tout droit sortir des années nonante, mais cela fait partie intégrante de l’univers créé.
Bruce Willis donne le ton à son personnage, héros classique et à la limite du générique, mais c’est surtout Milla Jovovich qui donne une vie au récit, conférant un dynamisme et une vision subjective à la charmante Leeloo ; tandis que Gary Oldman, en terrible Zorg, lui donne l’allure d’un investisseur illuminé peu scrupuleux et accrochés à sa théorie restreinte et sommaire.
Une aventure exotique et dynamique, entrainante et plaisante à suivre.
7,5/10