Lion d'or à la Mostra de Venise 1962 (à égalité avec "L'Enfance d'Ivan" d'Andrei Tarkovski), "Journal Intime" fut le fruit de la collaboration entre Valerio Zurlini et Vasco Pratolini d'après le roman éponyme de ce dernier. Et, à l'instar de "L'Enfance d'Ivan" (même si le film ne rentre pas dans la même catégorie), force est de constater que ce "Journal intime" est une réussite. Réussite du point de vue scénaristique, dans la relation qu'entretiennent les deux frères jusqu'aux événements tragiques qui les entourent. Car "Journal intime" est doté d'une puissante force émotionnelle, due à l'histoire évidemment, mais aussi à l'interprétation formidable de Marcello Mastroianni ainsi que de Jacques Perrin, qui tout deux campent leurs rôles comme si il s'agissait de leur propre personne, et ce dans les moindres détails, ce qui apporte un grand sentiment d'authenticité à l'ensemble. A noter que l'action se déroule durant la Seconde Guerre Mondiale, mais que cette dernière est reléguée au dernier rang dans l'histoire, Zurlini privilégiant les relations fraternelles, ce qui évite de faire sombrer le film dans un méli-mélo dramatique. En épurant au maximum son histoire, Zurlini va à l'essentiel. On ressent une touche néo-réaliste dans ce long-métrage, tant la réalité y est dépeinte avec authenticité. Esthétiquement parlant, dans la mise en scène, Zurlini effectue aussi un coup de maître, en s'inspirant des tableaux de Morandi. Mais surtout, le cinéaste prend soin de ne pas sombrer dans le pur et simple mélodrame, avec gros plans sur des visages souffrants et musique larmoyante par derrière. Soit, la tristesse est montrée de manière crue, sans artifices, soit Zurlini préfère le champ de la suggestion de par des ellipses narratives ou des hors champs. "Journal intime" est un film poignant, réaliste, émouvant, servi par deux acteurs principaux au summum de leur art, et d'une réalisation formidable, extrêmement réaliste et sans concessions.