Excellent film, un peu trop engagé et révolutionnaire pour être populaire, ou même compris par l'individu lambda, comprenons l'immense majorité. Ne parlons pas de ceux appartenant autant que faire se peu au système, toute critique de ce dernier leur passant bien au-dessus de la tête. Il suffit de lire les critiques, tant de la presse que des internautes, pour s'en convaincre. L'idée principale étant, à ce que j'en ai compris du moins (je vais essayer de ne pas tomber dans le panneau du catégorique pour ensuite me planter, tant cela semble être le lot ici-bas), qu'il nous appartient de changer le monde, l'améliorer, même s'il n'est pas si atroce que cela. C'est d'ailleurs par cela que le film se termine brillamment, le choix, qu'il appartient à chacun de faire, et qu'il aurait donc été indélicat de la part du scénariste de trancher sur ce point (c'est pour cela que le film se termine ainsi).
La guerre n'est pas "mal", comme le montre le sénateur pragmatique, ayant des responsabilités, pour lequel, dans la conjoncture actuelle, le choix n'existe pas. Face à des croyances moyenâgeuses, barbares, le dialogue est vain, seule compte la force.
Le journaliste peut se poser des cas de conscience, il n'a pas les mêmes responsabilités (qui consistent à informer le public, et ne pas le duper). Nous ne sommes pas dans un monde idéal, mais il n'est pas si mal que cela : comme le dit Robert Redford, si c'était le cas, comment le jeune étudiant brillant pourrait-il jouir de ses privilèges ? Il y a bien des hommes qui le permettent. Clairement, chacun a un rôle à jouer dans la société qui se construit, qui ne demande qu'à progresser : le journaliste moral, même s'il n'est que rarement irréprochable lui aussi, le politique pragmatique qui se plante à l'occasion, mais devant agir pour la sauvegarde de son peuple (ces deux derniers incarnent donc le présent), et le prodige, notre futur, à qui il appartient d'améliorer (encore) le monde, si tant est qu'il prenne la décision de s'engager. Sinon, ne te plains pas du monde, ou des hommes qui le font, il t'appartenait tout autant qu'à eux de le façonner. Aucune "morale", juste une vérité : le monde est ce que nous en faisons. La morale eût été de dire "ce n'est pas bien de ne pas t'engager". Robert Redford ne se place pas en curé, mais en professeur, cela est-il aussi trop subtil ?