Ça commence plutôt bien. Un flic consciencieux et méthodique (Nicolas Cage) qui hérite d'une affaire sordide à souhait. Il va s'enfoncer pour cela dans le milieu du porno hard, grâce à un guide (Joaquim Phoenix) qui apporte un peu de légèreté dans la découverte de cet univers glauque. Tout le début du film, où Cage, à mesure qu'il se rapproche de la vérité, est confronté à des perversions de plus en plus éloignées de sa vie bourgeoise, de sa famille, sa femme, son bébé, donc de plus en plus plus incompréhensibles, est assez prenant. Nicolas Cage franchit un à un les cercles de l'enfer avec son guide qui à la fois l'initie et le protège. Mais il garde une sorte de fil d'Ariane grâce à ses coups de fils avec sa femme. Celle ci, sans rien connaître de l'enquête, sent bien le glissement de son mari, qui s'enfonce chaque jour un peu plus.
Mais quelques grains de sable viennent gâcher ce scénario bien mené jusque là. La relation à distance de Cage avec son épouse, au lieu d'une gradation dramatique, est plutôt répétitive. L'actrice, Catherine Keener, n'a, volontairement sans doute, aucun charisme, et et son inquiétude tardive est presque ridicule. Sans compter les plans insistants sur le magnifique bébé du couple, toujours souriant, symbole un peu trop évident de l'innocence et du lien familial.
Et il y a le surjeu de Nicolas Cage, de plus en plus insupportable. L'acteur nous a habitué à ces rôles où il est de plus en plus torturé, épuisé, voire malade. Mais là il essaie de transcrire sur son visage son écœurement et son incompréhension croissants. Ce qui fait qu'il finit par avoir un regard complètement hagard et une sorte de grimace de dégoût en guise d'expression.
Enfin, paradoxalement, plus il s'approche de l'horrible vérité, plus le scénario devient prévisible et les scènes clichés. Schumacher qui avait bien maîtrisé la mise en scène jusque là, craque sur la fin. Mêmes les cascades, pourtant simples sont ratées. Les méchants (James Gandolfini et Stormare) sont ridicules, caricaturaux à souhait, on se croirait brusquement dans une BD Marvel! Cela devalue l'ensemble du film, déconnecte le spectateur qui n'y croit plus. Quel gâchis !