Y a des films qui me font douter de ma propre santé mentale : est-ce que je serais pas un peu concon sur les bords pour aimer des films de merde ? Oui parce que 8 mm a été presque unanimement détruit par la critique jusqu'à obtenir avec le temps une certaine reconnaissance par certains critiques malgré qu'il soit tombé dans l'oubli le plus total à moins de feuilleter par hasard la filmographie de Joel Schumacher ou de s'intéresser au début de la fin de Nicolas Cage. Je pense que le casse critique autour doit être sans doute du à la présence de Joel Schumacher à la réalisation : car depuis qu'il a réalisé Batman et Robin et dans une moindre mesure, Batman Forever (que je trouve tout de même regardable), il semble que tous ses films, même les bons, soit détruits par la critique. Phone Game en est l'exemple le plus parlant, ou encore Chute Libre. Mais passons, puisque j'ai découvert 8 mm hier - par peur de découvrir un navet, j'avais gardé sous la main mon DVD des Incorruptibles que j'avais envie de revoir, mais là n'est pas la question. Déjà, il est clair qu'avant d'aborder 8 mm, on ne s'attend pas le moins du monde à ça : un film sur le snuff movie, sur la pornographie et le viol, le tout traité avec une élégance et un style crade et malsaine qui démontrent un véritable talent de la part de Schumacher, puisque si y a bien quelque chose à retirer de 8 mm c'est bien la mise en scène qui est incroyablement réussie. Vraiment. Ensuite - et c'est là le problème - c'est qu'après une heure quinze parfaitement réussie, le film perd subitement de l'intérêt et détourne encore une fois de ce à quoi on s'attendait. La première partie est largement plus réussie que la seconde - à l'image du Nombre 23 mais c'est pas vraiment la même chose car la seconde partie du Nombre 23 était véritablement merdique, contrairement à celle de 8 mm qui est moins bonne sans être mauvaise à ce point.
On note déjà un certain charisme de tout le casting. Nicolas Cage surjoue un peu, mais depuis dix/douze ans il fait plus que ça donc on est pas trop choqué, Joaquin Phoenix est absolument parfait, Peter Stormare est terrifiant. Mais revenons un peu à la mise en scène : l'ambiance, parfaitement installée, parvient à déranger à coups de glauquerie et surtout parce que 8 mm est l'un de ces rares films à oser s'amuser avec un sujet tabou : la pornographie. Et Schumacher le fait sans pudeur et avec une certaine classe, certaines scènes subjuguent même. Pour la seconde partie, comme dit plus haut moins bonne - ça constitue en gros les quarante cinq dernières minutes - je retiendrai une scène en particulier : la scène finale avec Machine. Stressante, notamment quand Nicolas Cage passe d'une pièce à l'autre avec ce bruit de tourne-disque. Un maestro de mise en scène. 8 mm constitue au final le meilleur film de Schumacher que j'ai vu - et je ne les ai pas tous vus. Trop critiqué, le réalisateur s'en sort avec brio - et même si le film parviendra à choquer les âmes les plus sensibles, il est pour moi évident que 8 mm constituera désormais l'une de mes références du Thriller, car même si c'est loin d'être parfait, c'est le fils spirituel de Seven (même si le Fincher est lui, un chef d'oeuvre) : glauque, sale, méchant, bien foutu et à la mise en scène parfaitement soigné. Un très bon film à découvrir si vous ne l'avez pas encore fait - et c'est rare que je conseille des films comme ça.