Ce Flic ricanant a tout pour agacer. Une distribution de grande qualité, un postulat engageant (superbe scène d’ouverture), une photographie particulièrement soignée, des personnages nombreux aux personnalités complexes et différentes, San Francisco toujours aussi cinégénique, une belle musique utilisée à dose homéopathique, l’ambition de dresser le portrait d’une société en errance dans tous ses milieux, de beaux portraits de flics en prime, et puis… un pétard mouillé. Le Flic ricanant ne tient quasiment aucune de ses promesses.
La description de la faune de la ville à travers ses parvenus, ses macs, ses paumés, ses illuminés, ses truands, ses prolos se veut touffue, or elle est brouillonne tant l’alibi de l’enquête fait passer d’un personnage à un autre sans vraiment rien dire de celui qu’on vient de croiser. Le portrait des policiers (on est proche du drame psychologique ici) est gâché par leur multitude et la disparition des uns et des autres au fil du récit. Quant au récit lui-même, il ne tient pas ses promesses avec son enquête brouillonne et son avancée qui se contente d’aligner les scènes de bavardage jusqu’à un final décevant, jamais tendu, qui ne parvient pas à faire écho à la fulgurance du début du film.
Le film se traîne, du coup, dans un aspect documentaire. Comme tout documentaire, il est parfois intéressant et instructif mais l’intrigue ne parvient pas à donner un fil conducteur à l’ensemble. On est, par conséquence, face à un résultat qui n’a rien de désagréable mais qui échoue dans tout ce qu’il entreprend tant il manque de clarté, d’envergure et de tension. L’enquête (dont le réalisateur se désintéresse) ne passionne pas, l’action est absente, l’humour impossible et l’étude de caractère pas suffisamment fouillée. Il reste Walter Matthau, San Francisco et l’ambiance inimitable des seventies.