THE MIST est l'adaptation d'un novella (longue nouvelle ou court roman), "Brume", tiré du recueil de nouvelles du même nom ('Skeleton crew' pour la version originale), publié au milieu des années 80. Brillant récit du maître Stephen King, cela faisait longtemps que les fans souhaitaient le voir porté sur grand écran, car l'on sentait le potentiel d'un long-métrage des plus intéressants.
C'est finalement le réalisateur Franck Darabont qui s'y attèle, ayant déjà mis en scène avec beaucoup de talent les superbes et émouvantes adaptations que sont "Les évadés"(7nominations aux oscars) et "La ligne verte". Le premier n'avait rien de fantastique, et pour le second le surnaturel restait en second plan. Or THE MIST est une pure histoire d'horreur, le cinéaste allait-t-il maîtriser les codes du genre?
Franck Darabont ne décevra pas, et surprendra même, en transcendant à la fois le récit de King et le genre de la série B horrifique. A la lecture du livre, nous découvrions une histoire très angoissante, palpitante, qui rendait hommage à Lovecraft, aux récits de monstre, et faisait référence à quelques réussites majeures du genre, comme "Fog" de John Carpenter (difficile de ne pas y penser!). Le cinéaste préservera ces éléments dans sa transposition à l'écran, et sera si bien inspiré par l'oeuvre de King qu'il va y ajouter sa touche personnelle lors d'un final hallucinant; et ce, en restant très proche du récit original.
En effet, Darabont va restituer le climat oppressant et malsain d'un huis-clos, distiller le sentiment de claustrophobie éprouvé à la lecture du livre. Il prend soin de faire apparaitre les drames humains liés à l'isolement de ces gens bloqués dans le supermarché, à la terreur de la créature monstrueuse et inconnue qui a surgie du brouillard. La peur s'installe, le monstre se manifeste, la mort survient, des tensions et des comportements extrêmes se manifestent ausein du groupe de survivants... C'est très bien orchestré. Le réalisateur a recours aux effets spéciaux et aux effets gore des séries B et films de monstres classiques, sans jamais tomber dans le piège du grand-guignol, ou pire, du ridicule, comme cela est déjà arrivé dans des adaptations moyennes ou franchement mauvaises de King. On ne peut que le saluer.
D'autant plus que darabont a réussi à retranscrire la portée satirique de l'oeuvre du maître, en ce qu'elle dénonce une fois de plus la monstruosité de l'être humain, et expose de manière épatante un parallèle entre les monstres de l'extérieur (les créatures surgies d'ailleurs) et les monstres de l'intérieur (les êtres humains).
Un sondage a classé le film quatrième meilleur film d'horreur de la décennie 2000. C'est mérité.
Mais restons sur la fin du film, sidérante, bouleversante, terriblement noire et désespérée... et si réussie que King déclarera qu'il aurait aimé l'écrire.