Je me suis encore fait avoir, avoir par une flopée de critiques dithyrambiques sur ce film. Je retiens la leçon, sans désespérer pour autant de voir apparaître un jour, dans le paysage désertique du cinéma fantastique, un digne successeur de l’inégalé Carpenter. The Mist, adapté de Stephen King, est l’exemple type du film frustrant pour l’amateur du genre, un saccage honteux, un gâchis de pellicule, de temps (2 heures de supplice), et d’un scénario qui avait matière à tenir ses promesses. Darabond, détenant les droits depuis plus de 15 ans, a pourtant eu le temps de réfléchir à son film! Mais tout ce temps ne lui a permis d’avoir qu’une seule bonne idée, l’utilisation, dans la dernière séquence, de la musique inoubliable de Dead Can Dance. Tout le reste est à déplorer. Une réalisation médiocre portée par une mise en scène sans aucune consistance, des acteurs d’une nullité aberrante, interprétant des personnages d’une bêtise exemplaire, si insupportables qu’on en vient à espérer au bout d’1/2 heure de film qu’ils se fassent tous bouffer au plus vite (leur mort sera d’ailleurs notre seule satisfaction). Darabond, qui rend un hommage explicite à The Thing dès la première scène, n’a pas retenu les leçons de cette référence : l’imaginaire du spectateur est le meilleur allié du réalisateur pour susciter la peur. La situation imaginée par King, cette brume renfermant des créatures monstrueuses, n’est pas du tout exploitée par le réalisateur, alors qu’elle représentait le climat idéal pour asseoir une véritable ambiance de terreur, en laissant qui plus est de larges opportunités pour un propos critique et intelligent de la société des hommes. Pour couronner le tout et inscrire définitivement The Mist dans le rayon des daubes les plus déplorables, Darabond entretient jusqu’au bout l’ambigüité quant à l’origine divine de ce cataclysme, malgré la mort de la folle prêcheuse, développant en souterrain un discours des plus douteux, en rien constructif, en tout détestable.