Subconscious cruelty est un de ces films assez difficile à noter dans le sens où il échappe à certaines conventions habituelles du cinéma, tant dans sa narration, que dans ses préoccupations visuelles.
Bon, le casting n’a franchement pas d’intérêt particulier. Il n’y a en effet aucun dialogue (juste une voix off dans la première partie), et la réalisation est faite de telle sorte qu’elle ne cherche pas du tout à mettre en valeur le jeu des protagonistes. Lesquels s’acquittent bien de ce qu’ils ont à faire, généralement des passages de transes à connotation morbide, ce qui ne devait pas être vraiment simple à jouer compte tenu de ce qui est montré à l’écran. Il n’y a donc pas de variété d’émotions à restituer.
Pour ce qui est du scénario, il n’y a en a pas vraiment. C’est un film qui se divise en plusieurs parties et ne raconte donc pas une seule histoire. Le premier est la plus longue, la plus narrative aussi, appuyé notamment par une voix off. Elle est aussi la plus ennuyeuse au final, s’avérant franchement stagnante. Le réalisateur aurait pu la réduire à la même taille que les autres, cela aurait vraiment été profitable à Subconscious cruelty. Les autres parties sont entièrement muettes, et explorent des aspects non moins craspecs que la première. Honnêtement l’exercice se veut avant tout expérimental, donc le fond apparait très hermétique, très creux, un peu à l’image de ce qu’avait pu proposer Amer. Cela en ravira certains, d’autres trouveront que c’est assez pédant et prétentieux, doublé peut-être d’un coté racoleur d’assez mauvais goût. Pour ma part j’ai ressenti avec ce film du sous Buttgereit, avec un réalisateur ayant son talent visuel, mais ne parvenant pas à raconter une vraie histoire et cherchant du coup à contourner cet obstacle.
La mise en scène en revanche est sublime. Elle est extrêmement soignée, avec des plans et des cadrages d’une grande variété, il y a une attention de tout les instants portée à l’image. Le réalisateur arrive à donner l’illusion de réalisme en offrant pourtant un travail d’une richesse rare. La photographie est non moins remarquable, avec là encore un travail sur les éclairages, les contrastes de couleurs, les clair-obscur décapant. Subconscious cruelty est vraiment redoutable de ce point de vue. Par contre il n’y a quasiment pas de décors, la plupart des scènes se passant dans un environnement entièrement plongé dans le noir. Quelques passages font exception mais il n’y a rien à retenir de particulier. Alors Subconscious cruelty est un métrage très gore. Indéniablement c’est le terme à employer pour ce film, qui mélange un érotisme ultra-violent et multiplie les actes de mutilation. Je déconseille vivement le film à un public non averti (et même à ceux qui sont habitués à de l’horreur « traditionnelle »). Tout est montré de l’accouchement des plus sanglants à la scène de cannibalisme et d’éventration en passant par quantité de scènes de sexe porno-gore. Comme dans Cannibal Holocaust d’ailleurs, ou Nekromantik, la violence visuelle est compensée par une bande son très douce et mélancolique. Je dois dire que Subconscious cruelty est franchement très bon de ce point de vue, avec une ambiance musicale d’une grande beauté.
Au final, voilà un métrage particulier indéniablement. Il va surement très largement diviser ses (rares ?) spectateurs. Pour ma part je ne peux que saluer la maitrise du travail formel, car là-dessus il n’y a rien à redire. Néanmoins, sur le fond il est dommage de ne pas trouver grand-chose. Même lorsque le réalisateur cherche à aller vers une symbolique plus appuyée (notamment dans la dernière phase), c’est archi-caricatural et bien trop inférieur aux qualités techniques déployées. On sent nettement que Hussain est avant tout un directeur de photographie, c’est un peu dommage.