Stiletto est un film qui m’a un peu déçu. Clairement il surfe sur la vague des thrillers un peu musclés et clinquants comme c’est à la mode ces dernier temps, et le fait de manière très servile.
L’interprétation est convenable, même si clairement le potentiel des acteurs est sous-exploité par des personnages sans relief. Stana Katic offre une composition pas mauvaise, et s’avère investie. Par contre son personnage manque de substance (et au passage, elle est vraiment très maigre, ce qui laisse un peu dubitatif sur la crédibilité de certains passages, notamment lorsqu’elle affronte un type dans une voiture). Berenger est toujours charismatique, mais il fait moins d’efforts de composition ici. On dirait presque du Seagal par moment, tant il semble rodé à ce genre de rôle. Parmi les acteurs qui m’ont davantage marqué, je retiendrai finalement Michael Biehn dans un contre-emploi qui lui va bien. Kelly Hu ne manque pas de charme non plus. Pour le reste je ne vais pas m’étendre, mais il y a quelques bonnes choses.
Le scénario est malheureusement assez pathétique. En fait tout le film est une succession de voyage de Stana Katic dans les différents gangs locaux pour zigouiller des mafieux qui tombent quasiment toujours sous son charme (il n’y a donc pas un gay ?! Dommage pour eux en l’occurrence !). Alors c’est sympa un moment, mais à la longue c’est fatiguant, d’autant que le film ne développe vraiment pas grand-chose à coté. La fin se veut surprenante, puisqu’en effet il y a un suspens entretenu tout du long (pourquoi est-elle aussi méchante ?). Bon, je n’ai pas trouvé la conclusion renversante. Il y a du rythme, de l’action, mais c’est un peu juste quand même.
Visuellement, compte tenu du budget je serai assez clément. La mise en scène est solide. C’est un bon point, vraiment. Le réalisateur connait ses classiques, et même si souvent c’est un peu de l’imitation, il le fait plutôt bien, à l’occasion de quelques séquences qui valent le coup. Il y a notamment une « mort surprise » qui est vraiment très bien amenée. La photographie est un peu fade. Elle est d’ailleurs à l’image des décors, qui manquent fortement de relief. Ainsi le local du gang skinhead c’est une cave avec un drapeau à croix gammée au mur. Il y a comme cela tout du long une certaine pauvreté, qui s’explique peut-être un peu par le budget, mais pas toujours. Coté scène d’action Stiletto reste plutôt basique, avec quelques gunfight, des combats, mais généralement le métrage joue surtout la carte de l’ultra-violence brutale et soudaine, plutôt que les longs échanges de coup de feu et de coups de poing. Stiletto est donc un film sanglant, avec quelques joyeusetés du genre un tatouage décapé à la ponceuse, une balle qui explose en gros plan le crâne d’une personne, enfin des trucs sympathiques pour l’amateur de film un peu trash, mais déconseillés aux gens sensibles. En termes de musique il n’y a pas grand-chose, c’est un peu bizarre d’ailleurs pour un film de son genre.
Pour conclure sur ce film, il n’est pas affreux, mais il est trop juste. Doté de personnages assez inintéressants, sans relief, d’un scénario beaucoup trop squelettique, il n’est pas suffisamment parfait sur la forme pour rattraper l’affaire. De plus Stiletto parait ne pas avoir tiré profit pleinement de ses atouts, car un casting aussi tonitruant pour une petite production à 4 millions, ce n’est pas tout les jours que ca arrive. Il plaira sans doute aux amateurs de Guy Ritchie, de Tarantino, mais il reste d’un intérêt secondaire.