Truffaut avait décidément bien raison de fustiger cette "Qualité Française", incarnée en particulier par le trio Autant-Lara, Bost et Aurenche, qui s'est fait une spécialité de produire des adaptation littéraires d'une grand médiocrité.
Ce Blé en herbe, d'après Colette, pique les yeux dès le début. C'est à se demander si le trio cité plus haut a la moindre idée de ce qu'est l'adolescence de son époque.
En Bretagne, pendant les vacances, l'adolescent Phil et son amie Vinca, s'initient avec gaucherie au jeu de l'amour et, surtout, aux chamailleries qui vont avec. Le jeune acteur Pierre-Michel Beck et la jolie blonde Nicole Berger sont tellement mal dirigés qu'ils surjouent dans un registre romanesque mélo et, surtout, suivant des postures qui ne sont pas de leur âge. Les dialogues et l'interprétation sont d'une telle maladresse, que les rôles produisent une image complètement factice de la jeunesse.
Quant à Edwige Feuillère, qui apparait invariablement dans un grotesque halo vaporeux, elle est un personnage déterminant mais secondaire. La Dame en blanc
initie Phil à la sensualité
, sans qu'on comprenne vraiment ce qui la conduit dans cette voie, et cette étape primordiale est traitée, époque oblige, avec des pudeurs de gazelle, comme dirait l'autre. Le sujet audacieux de Colette se dissout dans les conventions.
Louis de Funès est au générique, qui fait deux courtes apparitions grimaçantes... et incongrues dans le contexte dramatique et balourd du film.
Cette adaptation compassée est tellement mauvaise, dépourvue d'authenticité et d'une vraie sensibilité, que Colette en est morte quelques mois après sa sortie. Boutade.