Qu’il est loin le temps où les studios hollywoodiens (les années 90, quand même) savaient nous livrer sur un plateau d’argent des polars d’excellente facture, ou du moins satisfaisante. Vous savez, l’époque où nous avions eu droit à des longs-métrages tels que Le Silence des Agneaux, Se7en, Le Collectionneur ou encore Bone Collector ! Celle qui a vu naître le réalisateur David Fincher, expert en la matière et qui fait perdurer le genre encore aujourd’hui (Zodiac, Millénium – Les hommes qui n’aimaient pas les femmes, Gone Girl) ! Maintenant ? Je vous mets au défi de citer un titre qui vous ait diablement marqué en ces années 2000 ! Dur de trouver, n’est-ce pas ? Heureusement, certains cinéastes arrivent à se démarquer, comme Gregory Hoblit (Le Témoin du Mal, La Faille), en faisant des policiers de qualité non négligeable. Est-ce le cas de cet Intraçable, réalisé par ce dernier ?
En premier lieu, on sent la volonté de Gregory Hoblit d’avoir voulu faire un polar à l’ancienne, le genre de divertissement à l’ambiance purement glauque sans être moins palpitante. Ce style de film qui vous happe dès les premières secondes pour ne plus vous lâcher jusqu’au générique de fin, vous procurant au passage tension et suspense, vous malmenant autant que les protagonistes. Sur le papier, Intraçable est sans conteste de cette trempe-là tout en surfant sur un sujet moderne pouvant prêter à débat : Internet et les réseaux sociaux. Autant dire que Hoblit avait de quoi susciter l’intérêt des spectateurs ! Et puis, tout polar attise les curiosités tant le scénario, même le plus minime, le plus classique, parvient à faire passer le temps. Eh bien vous allez voir qu’avec Intraçable, Gregory Hoblit n’a pas su offrir au public un policier qui sache combler les attentes, seulement à la limite du potable.
La faute principalement à cette ambiance justement que le film arbore du début à la fin. Oui, le tout se veut glauque : la photographie n’abandonne nullement ses teintes grisâtres et sombres, l’atmosphère se montre par moment pesante par son manque de musiques (ou bien ces dernières sont discrètes), le côté violent et gore est suffisamment mis en avant pour dégoûter le spectateur… Et pourtant, la sauce ne prend pas étant donné que cette ambiance est, tout simplement, mal utilisée dans ce film. Il suffit de voir le début de celui-ci, qui nous présente le personnage principal et son métier de manière plate. La scène en question traîne trop en longueur et se révèle être pesante alors qu’il n’y a aucune raison de l’être. Résultat : on se détache sans mal de ce qui se déroule sous nos yeux. Et des séquences comme cela, aussi bancales, Intraçable en possède bien trop au compteur, allant de la séquence morbide rock’n roll à la Saw au passage intime long et pompeux pour ne pas dire dérangeant qui donne envie de zapper ou d’accélérer le visionnage.
Résultat des courses : à force d’avoir des scènes qui n’attirent pas spécialement notre attention, nous ne pouvons que nous attarder sur les défauts du film. Une fois passer l’interprétation des comédiens, qui ne paraissent impliquer à aucun moment, c’est surtout sur le ridicule du scénario et son manque d’approfondissement thématique que vous pesterez le plus : le tout enchaîne, sans la moindre imagination et au suspense éventé (on devine bien trop vite les nombreux éléments du script), les tortures plus guignolesques que spectaculaires, les clichés à tout-va, les détails scénaristiques aussi gros qu’une maison (le coup de faire du morse avec les yeux, franchement…), un final tiré par les cheveux… Plein de petits « trucs » qui empêchent d’accrocher à l’ensemble ! Bon, il est vrai que les moins regardants pourront se laisser emporter par l’enquête et passer le temps, vu qu’Intraçable sait en quelque sorte divertir via une certaine maîtrise du rythme et « l’originalité » (bien que ce soit un grand mot) des scènes de meurtres. Mais ce n’est franchement pas suffisant, surtout quand le cinéma hollywoodien nous avait habitué à bien mieux à une certaine époque…
Vous l’aurez compris, Intraçable est un polar qui tente de faire revivre un genre en voulant faire du copier-coller des plus grands titres tout en proposant de la modernité dans son concept, sans jamais parvenir à égaler les films mineurs de cette catégorie car étant tout simplement mal réalisé et écrit grossièrement. Sans âme et impersonnel, le long-métrage arrive juste à occuper pendant 1h40, ni plus ni moins. Il faut juste faire l’effort de passer à la trappe lors du visionnage les bêtises proposées par le film. Sinon, ce n’est même pas la peine d’en attendre quoi que ce soit !