Les plus utilesLes plus récentesMembres avec le plus de critiquesMembres avec le plus d'abonnés
Filtrer par :
Toutes les notes
jaunepoussin
5 critiques
Suivre son activité
4,0
Publiée le 7 janvier 2015
Un très beau film noir de Luigi Comencini, rare. Une belle occasion de découvrir l'un de ses tous premiers films où l'on retrouve déjà les thèmes qui lui sont chers et qu'il développera tout au long de sa carrière. Un casting excellent, notamment en ce qui concerne les femmes, sublimes et parfaites. Une des premières apparitions de Sophia Loren, créditée sous le nom Sofia Lazarro, Vittorio Gassman dans un de ses premiers grands rôles. Comencini fait une critique de la société italienne d'après-guerre en mettant l'accent sur la pauvreté et la criminalité de l'époque dans le pays. A voir!
Comme le titre l’indique, le film raconte comment des truands attirent des jeunes femmes souhaitant sortir de leur condition en leur faisant miroiter une carrière de danseuse en Amérique du Sud et les transforme en prostituées. On y retrouve l’ambiance des films noirs américains [cf. la présence de l’acteur américain Marc Lawrence (1910-2005) qui a joué, entre autres, dans « Key Largo » (1948) et « Quand la ville dort » (1950) de John Huston] et français des années 50. A l’époque, deux villes portuaires italiennes servent de plaque tournante au trafic : Messine (destination l’Egypte) et Gênes (destination l’Amérique du sud). Outre ce port qui sert de décor au film, une salle de pelote basque sert de lieu de rendez-vous aux malfrats (dont Vittorio Gassman). Une grande partie de l’action est constituée par un marathon de danse, précurseur au cinéma de celui de « On achève bien les chevaux » (1969) de Sydney Pollack mais qui se déroule, lui, en 1932 aux Etats-Unis. A signaler la présence de Sophia Loren (sous le nom de Sophia Lazzaro) pour qui c’était son 12e film à 18 ans (son futur mari, Carlo Ponti est producteur) et 2 actrices tombées dans l’oubli, Eleonora Rossi Drago et Silvana Pampanini. Comencini n’en n’est pas moins cinéphile et tourne une scène où le chef des truands (Marc Lawrence) est jugé par une foule de pauvres gens, clin d’œil à « M, le Maudit » (1931) de Fritz Lang. Ce film est un peu la suite de son précédent, « Persiane chiuse » (« Les volets clos » (1951) qui parlait également de prostitution. On y trouve la maitrise du noir & blanc et le sens de la narration du cinéaste.
Une réalisation intéressante qui propose une bonne première partie avec d'excellents acteurs ensuite le film devient un peu plus décousu, Comencini se perd un peu en voulant s'intéresser à tout les personnages.
"La traite des blanches" est le quatrième long métrage de Luigi Comencini (sa carrière en comptera 58) qui a inscrit son nom parmi les plus grands réalisateurs italiens de son époque et qui est doute celui qui a le mieux échappé à toute classification. Naviguant entre les films d'auteur et les productions de commande purement commerciales, Comencini aura promené sa caméra sur une bonne partie du spectre des genres cinématographiques. Ses plus grandes réussites ayant trait à l'enfance ("L'incompris" (1967), "Les aventures de Pinocchio" (1975), "Eugenio" (1980), 'Un enfant de Calabre' (1987)), on l'a donc par facilité catalogué comme le cinéaste de l'enfance. En 1952, Luigi Comencini, jeune cinéaste est encore marqué par ses années de critique qui l'ont vu créer avec Alberto Lattuada et Mario Ferrari la cinémathèque de Milan . "La traite des blanches" sera donc empreint de nombreuses influences que Comencini égrène selon ses besoins. Le film noir américain né dans les années 40 à Hollywood est ainsi représenté par la présence de Marc Lawrence qui a joué pour John Huston dans " Quand la ville dort" (1950). L'influence du néo-réalisme dont Comencini ne s'est jamais revendiqué peut être lue à travers la description des quartiers miséreux de Gênes où se situe l'action. Enfin l'expressionnisme allemand est clairement convoqué dans la scène finale avec une transposition explicite du jugement populaire qui clôt "M le Maudit" (1931) de Fritz Lang. Ce film de commande produit par Dino de Laurentiis et Carlo Ponti n'est pas pour autant impersonnel, le thème des marathons de la danse, évoquant les expédients parfois cruels utilisés à la suite de la crise de 1929 aux Etats-Unis, démontrant une véritable sensibilité narrative chez Comencini. 17 ans avant Sydney Pollack qui adaptera "On achève bien les chevaux" d'Horace Mc Coy (paru en 1935), il a en effet l'idée originale de pousser la cruauté jusqu'au bout, les dits marathons n'étant que prétexte au recrutement de jeunes femmes rêvant d'une vie meilleure pour les précipiter dans la prostitution. Pour autant on sent encore une certaine hésitation dans la direction d'acteurs, Comencini n'étant pas vraiment dans son élément avec le film noir. Le plaisir est tout de même présent de voir Vittorio Gassman, Silvana Pampanini, Eleonora Rossi Drago mais aussi Sophia Loren à leurs débuts, permettant permet de prendre conscience que souvent un acteur se construit sur la durée. Cette période méconnue d'avant "Pain, amour et fantaisie" (1953), Comencini n'aimait pas la revendiquer comme sienne. Le résultat est pourtant loin d'être infamant.
Ressortie en salle de plusieurs titres de Luigi Comencini dont " la traite des blanches" (1952) sorte de polar aux accents néo réaliste.
On est au sortir de la guerre et la pénurie et la pauvreté sont le lot quotidien de la population. Un réseau de traite des blanches organise des marathons de la danse afin de piéger des jeunes femmes.
Le point fort du film repose (selon moi) sur la distribution féminine dominée par Silvana Pampanini ( miss Italie 1946) aussi chanteuse. Apparaît dans un second rôle Sofia Loren à ses débuts, dont le charisme est déjà évident.
Ettore Manni occupe son premier rôle à l'écran et le succès qu'il remportera lancera une carrière qui s'illustrera surtout dans les péplums.
Si la première partie a gardé un certain charme, les à coups du scénario perturbent malheureusement la fluidité de la seconde partie.
Il faut noter que la longue filmographie de Comencini ne fut pas titrée dans les festivals internationaux, même si sa signature est aujourd'hui reconnue grâce à des opus qui valent indéniablement le détour (" l'argent de la vieille", " un vrai crime d'amour", " la ragazza" notamment).
Les aficionados du cinéma italien de son âge d'or ne le manqueront pas, même si " la traite des blanches" ne fait pas partie ( selon moi) des opus majeurs de cette époque.