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maxime ...
243 abonnés
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4,5
Publiée le 5 décembre 2016
Un filme qui marque ! Bruno Dumont possède un regard, sans fioritures ni simagrées mais avec une once de poésie à travers le quotidien de ces jeunes désorientés ... Un long métrage fort donc, mais aussi la naissance d'un talent parfois proche de Maurice Pialat, tout cela en traçant un chemin qui lui est propre. Une très grande réussite, souvent désarmante mais au combien prodigieuse sur le fond.
Avec ce premier long métrage, Bruno Dumont nous livre le portrait de jeunes un peu plouc du nord, leur vie et leur racisme face a un arabe qui arrive dans leur village. Au delà du côté "village ch'tis" et des accents, ce qui est remarquable dans ce film c'est la façon qu'à Dumont d'éviter les stéréotype en grossissant volontairement les traits. En effet, les acteurs sont ceux qu'ils sont, ni plus ni moins. Cela apporte un réalisme au film, magnifié par le côté contemplatif et la photographe superbe, faisant de ce film une vraie réussite. On pourra reprocher au film certaine lenteur (voire la lenteur de l'ensemble), mais si l'on rentre dans l'histoire, on profite d'un vrai bon film, réaliste et magnifique. Une réussite pour un premier film.
Un film difficile d'accès comme tous les autres de Bruno Dumont (L'Humanité, 29 Palms et sans aucun doute Flandres) mais qui dégage une puissance époustouflante à travers une mise en scène glaciale, une violence sauvage, une musique absente et des scènes de sexe très crues. C'est beau et touchant, c'est le premier film du prodige qu'est Bruno Dumont qui n'a pas fini de nous étonner avec son univers ultra personnel.
Un premier essai totalement maîtrisé pour Bruno Dumont, un coup de poing absolument marquant pour le spectateur...La Vie de Jésus traite de manière très personnelle des différences, de la marginalité, du racisme et de l'amour avec une réelle acuité. Bruno Dumont porte un regard à la fois cru et humain sur ses personnages en évitant les clichés : Freddy est raciste et quelque peu limité, c'est une chose. Et pourtant, on parvient à comprendre la bêtise de ces actes, et ce grâce à la vision très nuancée du réalisateur. Esthétiquement parlant, La Vie de Jésus est assez remarquable : une lumière naturaliste caressant ces personnages en mal de repères, ainsi qu'une mise en scène nerveuse, efficace...Dans la lignée des frères Dardenne ( même dimension sociale teintée de misérabilisme que dans Rosetta ), ce premier film est un véritable tour de force scénaristique et plastique. Un petit chef d'oeuvre à voir et à revoir ( il me tarde de découvrir les autres films de ce très grand réalisateur qu'est Bruno Dumont ).
Je suis fin prêt, je vais me les faire un à un, tous les Dumont parce que j'avais été conquis avec P'tit Quinquin et que j'étais curieux de voir le reste de son cinéma et puisque j'ai tous ses films sous la main et que son prochain avec Luchini est un des films que j'attends le plus cette année bah je fonce. Et franchement c'est un bon début. J'étais un peu surpris en fait parce qu'on voit bien que dès son premier film Dumont impose un style à la fois visuel et sonore, des cadrages, des couleurs, des paysages, mais aussi des thématiques et un certain traitement, ce mélange tragi-comique à la fois sec et chaleureux. Vraisemblablement il est obsédé par la dialectique, et puis en voyant ses interviews on comprend mieux ce qu'il fait, parce que c'est vrai que c'est tellement pas dans la norme, en dehors des clous que c'est franchement surprenant par moments. Moi j'aime bien et c'est drôle parce que je m'attends toujours à un truc super métaphysique, très théorique et tout, mais Dumont déteste ça et du coup ses films c'est simple, riche, puissant, mais simple. Pour autant c'est pas un cinéma toujours très accessible, il y a rythme à suivre et il se passe très peu de choses, c'est un type qui aime filmer les déplacements, les silences, les moments de "rien", ceux où il se passe le plus de choses en somme. C'est beau et touchant. C'est un type ancré dans le vrai. Et il dépeint l'humanité avec une telle justesse. C'est vraiment intense. Après j'ai senti quelques longueurs dans ce premier film et j'étais assez déçu (même si c'est pas vraiment le mot, disons que j'espérais autre chose) de constater qu'il traite des mêmes thématiques que dans P'tit Quinquin mais cette fois dans un ton beaucoup plus grave (mais non dénué d'humour dans les scènes les plus inattendues d'ailleurs). J'ai très hâte de voir le reste de sa filmo, voir comment il a évolué.
La chronique de la vie terne de Freddy et de ses copains, jeunes chômeurs paumés, infectés par le racisme primaire dans un patelin du Nord de la France. Un drame social naturaliste pas très funky mais qui montre que l’absence d’insertion et d’éducation mène à une impasse gravissime.
Caméra d'or au festival de Cannes, "La vie de Jésus" est le premier long-métrage d'un cinéaste particulier au sein du paysage français, Bruno Dumont. En 1997, il nous met aux prises avec une brochette de loubards à motocyclette, portée par l'inoubliable Freddy. Réalisée dans une économie de moyens remarquable, la force contemplative du cinéaste s'avère épatante, teintée de briques rouges, de routes sans fin et de lumière biaisée. En phase avec son époque, Dumont filme l'ennui et la misère comme personne, dans une œuvre baignée de silences et de tensions. S'il n'échappe pas précisément à cet ennui qu'il magnifie, "La vie de Jésus" constitue l'un des plus beaux films réalisés sur le Nord-Pas-de-Calais.
Freddy, c'est le bon gars par définition. Il y a ses failles : l'épilepsie, son chômage, sa bêtise. Mais il y a surtout ses forces : sa copine, sa mère, ses amis, la fanfare, les pinsons, la mobylette et surtout, son grand coeur. C'est un valeureux borné, un gars du nord qui croque la vie à pleine dent sans se soucier de son trop-plein de vitalité, par moment. Il s'égare parce qu'il se dit que son environnement n'est pas stable. Alors qu'il a quand même tout, ou presque, pour être heureux. Derrière Freddy, il y a un écorché vif dont une blessure, sans pouvoir clairement l'identifié, subsiste aux yeux de tous. Un premier film coup de poing et majuscule, pour un Bruno Dumont qui nous montre frontalement une classe populaire abîmée mais vivace. La nudité est un personnage secondaire de qualité, jamais vulgaire, qui ajoute du charnel à des corps de jeunes effrontés.
Premier long-métrage de Bruno Dumont, réalisé en 1996, La vie de Jésus posait les bases de son cinéma au ton si singulier. À la fois tendre et sans concession sur ses jeunes personnages paumés et racistes, de véritables gueules du nord de la France que l’on ne voit nulle part ailleurs, Dumont raconte leur quotidien dans une ambiance profondément désenchantée. Il filme ses terres natales en mettant en lumière leur grande beauté, sans omettre de montrer la désolation de cités ouvrières devenues l’ombre d’elles-mêmes, frappées de plein fouet par la fin de l’exploitation des mines. Une première œuvre remarquable de maîtrise, aux séquences de mobylettes géniales, à la crudité des scènes de nus étonnantes, qui consacrait instantanément la personnalité et le style de l’un des cinéastes français les plus marquants.
C'est très beau. ça ne vieillit pas. Les acteurs principaux sont superbes. Quand je dis beau, c'est la qualité de l'encrage dans un territoire, dans une société et en même son aspect intemporel.
Bon, encore une fois on reconnait bien le style Bruno Dumont, et ce dès son premier film. Encore une fois je suis pas forcément un grand fan de sa mise en scène, ni même globalement de son propos. Je reconnais que c'est pas mauvais comme cinéma, y a des qualités mais personnellement ça ne me parle pas plus que ça, encore que La vie de Jésus j'ai trouvé qu'il y avait plus de chose à en dire (peut-être parce que c'était son premier film) et globalement j'ai regardé le film avec plus ou moins d'intérêt tout de même.
1ère claque cinématographique du grand Bruno Dumont qui avait déjà acquis une maturité certaine dans son scénario. On retrouve tous les ingrédients habituels de ses films et un traitement hors pair de la xénophobie dans cette bande de jeunes en pétrolette qui vont commettre le pire dans l'ennui de cette région dévastée par le chômage . Des images déjà très fortes même si l'on ne perçoit pas encore sa magnifique mise en scène contemplative qui va suivre. Et comment? Mais comment fait-il pour diriger ces acteurs non professionnels car dans celui-ci, la performance du David Douche est vraiment extraordinaire...
Déjà, l'environnement est triste. Bailleul semble morte ou en sommeil. C'est l'été mais les rues sont désertes et le soleil ne perce pas les nuages. Ainsi se présente cette ville du Nord, morne territoire d'un groupe d'adolescents désoeuvrés à peine divertis par leurs courses de mobylettes ou leurs réunions laconiques sur une place de la ville. Bruno Dumont filme le vide social et le vide dans les têtes. L'ennui ou l'abandon est pesant, palpable, et illustre la misère existentielle de la bande de Freddy. Ce dernier est la figure centrale du récit, dont la physionomie exprime à elle seule, comme ses copains, la pauvreté affective et intellectuelle autant qu'un probable échec social. Le regard naturaliste que Dumont porte sur ses personnages est alimenté par d'habiles et discrets indices psychologiques et sociaux sur lesquels il serait trop long de s'attarder, mais qui témoignent d'une observation sensible autant qu'avisée. Avec l'appui de ses comédiens amateurs, aussi vrais que nature, Dumont atteint un réalisme humain d'une rare authenticitéspoiler: (cette vérité crue conduit même Dumont à insérer un plan pornographique)
Au bout de leur errance quotidienne, spoiler: le crime raciste qui sanctionne la caractère fruste des adolescents (et la jalousie sentimentales de Freddy) est le seul évènement du film. Ce fait divers nous invite à voir, en plus de la chronique sociale et provinciale, la généalogie d'un drame annoncé; annoncé par une existence trop aride, trop affilgeante pour ne pas secréter un acte défoulatoire. Un film aussi lucide que maîtrisé.
Cette chronique sociale teintée de surréalisme nous prouve que l'ennui routinier est la principale source de la bêtise humaine et de sa principale manifestation qu’est la violence. C’est pour nous démontrer cette triste réalité que Bruno Dumont dépeint dans son premier film comment une bande de jeunes nordistes se laisse aller dans un racisme primaire (une belle façon de dire que tout le monde n'est pas bienvenu chez les ch'tis!). Le drame humain est parfaitement ressenti par le public qui, plutôt que partager l’ennui des personnages, peut comprendre leur psychologie et le cheminement intellectuel les menant malgré eux de la mélancolie à la haine.