Avec "La chambre des morts",le cinéma français se dirige avec confiance vers le film policier à l'américaine.Au programme : ambiance sordide et meurtres de petites filles candides sur fond de taxidermie et de lesbianisme gothique.Forcément,"La chambre des morts" n'a rien d'un conte de fées (avec un titre comme ça de toute façon!), mais tout d'un bon policier solide et complexe.Pourtant,non.Si le réalisateur sait créer une ambiance crasse hautement dangereuse,il ne sait par contre pas écrire un scénario dense.Malgré un bon début,prenant et direct,le film part dans tous les sens,s'éparpille en sous-thèmes grand-guignolesques (traumas, pédophilie,lesbianisme,toujours les mêmes),et dérape joliment dans une fin saccadée,fouillie et peu crédible.On retiendra surtout les prestations de Mélanie Laurent (toujours aussi splendide) et Gilles Lellouche,qui donnent une âme à un film qui n'en a que très peu.A force de filmer des caves sombres et des maisons poussiéreuses,des fillettes mortes et des animaux massacrés,Alfred Lot perd le contrôle avec la réalité des choses (c'est à dire l'enquête proprement dite),oublie de creuser ses personnages,étouffe son discours social - à première vue intéressant - ,et rend son film insupportablement glauque.Parce qu'il y a une réalité qu'il refuse de nous cacher dans ces atrocités en chaîne,le cinéaste livre une oeuvre en permanence malsaine,et qui plus est maladroite dans son déroulement - autant logique que psychologique - .Le montage,pas toujours très judicieux,dérythme peu à peu le film, annihile ses enjeux dramatiques,et la photo,trop peu travaillée,laisse le grain brut prendre le dessus,rendant l'esthétique encore plus rugueuse.Le jeu trop soutenu d'Eric Caravaca et la gauchesse de la réalisation (quasiment toutes les idées semblent inabouties),détruisent toute splendeur et virtuosité (que l'on peut pourtant remarquer dans une étonnante scène finale de traque gothique).Bref,"La chambre des morts" est un film profondément désagréable, f