L'histoire du désespoir, la lente agonie de la solitude, la folie méconnaissable d'une identité en perdition : "Der Lebensversicherer" (2006) de Bülent Akinci. Le réalisateur Akinci peint une histoire cynique, morbide parfois, bizzarement paradoxale. C'est en fait l'histoire d'un homme, joué à merveille par Jens Harzer, qui vend sur le bord des autoroutes des assurances-vie. L'assureur vie, dans le film de Bülent Akinci en tout cas, se rapproche d'un vendeur de tombe. Toujours dans ce film, a force de parler de mort, de vivre de ça, l'assureur-vie finit par la désirer. Et là où Akinci réussit un coup de maître, c'est que tout au long du film on voit en la famille du personnage principal un échappatoir, un espoir possible. La fin nous dévoile qu'en quelque sorte, l'assureur-vie est condamné et déjà mort, seul à érrer le long des routes comme un fantôme. Le rire du comédien vient pimenter ce sarcasme constent qui régne sur le film. Les musiques, toutes francophones ( on y entend Mickey 3D ), sont accompagnées de plans distordants, informes comme si la musique déclanchait la folie qui se débat dans l'assureur-vie. Enfin, et point le plus remarquable du film, la réalisation est une beauté de tout les instants. Il n'y a pas un plan, chez Akinci, qui ne joue sur l'esthétique des lumières et qui ne dévoilent toute la noirceur de l'image. En conclusion, "Der Lebensversicherer" (2006) est assurément un film déprimant sur la déprime, on ne rit pas ( ou très rarement mais on y rit jaune ). Bülent Akinci signe là un film d'une portée immense, traitant le malaise avec verité. Même les plans seuls sont des oeuvres d'art.