Avec Progeny Yuzna change un peu son fusil d’épaule et quitte l’horreur pour un film nettement plus SF, qui s’avère un peu mou, bien que pas désagréable.
Le réalisateur ne frappe pas très fort avec Progeny, jouant la carte de la sureté. Rythme plutôt posé, peu d’horreur, un scénario assez fluide mais qui manque de vrais gros rebondissements, de surprises aussi, où l’on peine à ressentir de la peur, de l’inquiétude, du doute. En sommes Progeny se laisse suivre sans déplaisir spécifique, prenant pour base de son histoire un propos intéressant, et d’une certaine manière ça fait du bien de voir Yuzna se poser un peu pour son histoire, mais il en résulte un film un peu fade, un peu lent avec quelques scènes un peu plus spectaculaires relativement pretextes pour donner du punch lorsque le soufflé retombe.
L’histoire n’a donc rien d’exceptionnel, on se retrouve face à un récit classique. Le casting est plutôt plaisant sur le papier. Vosloo échappé de Darkman, Dourif le vétéran des séries B fantastiques, Lindsay Crouse qui poursuit avec les extraterrestres au lendemain de The Arrival, bref, des acteurs sympas évoluant autour de la méconnue Jilian McWhirter. Les acteurs font l boulot, même si la présence de Dourif reste très réduite, et même si Vosloo est parfois un peu inexpressif. La bonne surprise pour ma part c’est McWhirter, la plus inattendue du lot qui se défend vraiment avec un rôle pas facile et qui a quand même un sacré charme ! De bons interprètes avec des personnages assez inégaux, mais pas désagréables.
Sur la forme Yuzna signe un film propre avec un petit budget. On ne retrouve qu’épisodiquement son style, lors de scènes à effets spéciaux plutôt réussies (bon design des aliens, incrustations très correctes vu le budget du film), mais il fait un travail appliqué. Pour le reste l’esthétique trop téléfilmique des décors pourra rebuter, tout comme la photographie assez terne, le film profitant tout de même de petites séquences poisseuses attrayantes, et les scènes « oniriques » sont soignées. En gros le film monte en gamme lors des passages plus importants, délaissant trop le reste ! La bande son est classique, mais elle est de bonne facture pour une petite production de SF.
Si le gore vous rebute, Progeny peut être une porte d’entrée sympa dans la filmographie de Yuzna, vu qu’il y en a fort peu ici. Maintenant, si vous êtes plutôt accroc à l’horreur pure et dure du réalisateur, Progeny pourra vous déconcerter, voire vous déplaire. Franchement, je n’ai pas été foncièrement déçu de ce film, qui manque sans doute de la singularité du réalisateur sur le plan esthétique, et d’une grosse intensité scénaristique, mais qui se laisse suivre sans déplaisir en abordant un thème toujours efficace. 3