A force d'avoir comparé Little Miss Sunshine, nouveau modèle du cinéma américain indépendant, à Juno fait tout d'un coup pâle figure. Pourtant, le sujet était très prometteur. Et comme pour son prétendu compagnon, on s'attendait à une oeuvre pimentée, drôle, insolente, resplendissante. Hélas, l'hilarité et la magie de la petit fille qui nous a donnés tant de soleil se vulgarise désormais dans une fausse leçon camouflée en véritable morale. C'est-à-dire l'idée que l'avortement est chose évitable et qu'il est serait de bonne conscience de garder l'enfant et surtout, de l'accepter. C'est bien mignon dans le fond, mais on s'attendait à plus grinçant. Force de constater que les dialogues éprouvent beaucoup de maladresses à déclencher le rire, on arrive toutefois à sourire quelques fois. Cependant, blâmer un tel projet serait, disons-le clairement, totalement abject. Car malgré ses erreurs de parcours, comme la pauvre héroïne condamnée à attendre ses neufs mois, certaines scènes valent vraiment le détour; comme celle du rendez-vous chez le gynécologue, certainement la plus réussie. Les comédiens sont pour la plupart tous excellents et Jennifer Garner nous épate dans son rôle de nouvelle mère brisée et sincère de ne pas pouvoir avoir d'enfant. Cependant, là est peut-être le plus dommageable, c'est que Jason Reitman rate ses deux protagonistes : Juno et Bleeker. Complexe, il fallait choisir une idée directrice plus pertinente. Entre-autre, fallait-il pousser le film jusqu'à la comédie pure, quitte à vouloir affirmer un ton plus corrisif ou déjanté ? Partir dans la tragédie ? Ou bien, ce que tente Juno, allier les deux genres ? Le réalisateur essaye, échoue par moment peut-être, mais non sans réussite de vouloir faire ce que d'autres n'osent pas. Mais à vouloir transformé son film en conte contemporain, Jason Reitman en oublie toute crédibilité. Assurément trop frêle et timoré, Juno est néanmoins regardable, et surtout très débattable. Original et intéressant.